Ce qui est magnifique dans ce film, c'est le regard de Férid Boughedir ; regard à la fois tendre et critique, regard d'un homme qui aime passionnément les gens qu'il filme, qui jubile littéralement (comme trop rarement dans le cinéma contemporain) de toute cette vitalité extraordinaire des mots et gestes populaires. Film drôle, sensuel, musical, amoureux des corps et des lumières chaudes de cette société tunisienne où cohabitaient pacifiquement 3 cultures et 3 religions, capables de surmonter par elles-mêmes leurs contradictions : les 3 filles rebelles auront finalement raison des préjugés des pères grâce à leur solidarité de femmes. Plus génial encore, elles se débarrasseront du tartuffe local en le prenant à son propre piège : puisque dans sa folie hypocrite d'un nouvel ordre moral, il oblige la jeune musulmane à sortir dorénavant sous le voile, elle ira chez lui, nue sous son haïk : il en mourra !... Un film essentiel en ces temps d'intégrismes et de « préférences nationales » rampantes, qui voudraient renvoyer chacun chez soi (et les femmes à leurs fourneaux) et qui hurlent à l'impossibilité du mélange et de la mixité des cultures sur un même sol.
Publié le lundi 18 septembre 2017