On vit avec des fantômes, fantômes de nos morts, fantômes de nos souvenirs et aussi fantômes des vivants mais absents, et puis fantômes de nos angoisses, entrelacement permanent de nos envies d'aimer, de vivre et de nos peurs de mourir, de disparaître, de ne pas savoir vivre.
_ Civeyrac déroule dans Fantômes un ruban cinématographique sur lequel s'entrecroisent, s'étalent ces corps en proie aux fantômes. Il s'éloigne ici d'une filiation cinéphilique parfois encombrante et il se découvre dans une forme plus expérimentale (puisant dans le théâtre, la danse, la peinture et la poésie), il nous parle de ses peurs et laisse entrer dans son univers de rigueur et de culture ses affects et ses troubles que l'on sent à fleur de peau de ses personnages. Il nous donne alors des moments de grâce et de troubles purement cinématographiques parce que chargés de cette présence sensible de l'angoisse de ne pas savoir aimer.
_ C'est bien le propre d'un cinéaste que cette envie d'un film qui essaie de saisir ce qu'il y a de plus enfoui en nous, de le révéler de façon intuitive : de plus en plus rares sont ceux qui ont cette exigence de croire encore qu'un film peut être un chemin pour approcher le mystère de ce que nous sommes.
Publié le lundi 18 septembre 2017