Pourquoi amener à Cannes, temple de l'actualité, le film d'un cinéaste mort tourné en 1962 quand tant de films restent à la porte ? Eh bien parce qu'il faut rafraîchir la mémoire, parce qu'un film ne se regarde pas juste une semaine, parce que l'amour pour un film est la seule raison qui vaille ? mais surtout parce que L'Amour à la mer nous rappelle qu'on peut être léger et dire beaucoup de choses sur une époque, sur les gens simples, sur leurs problèmes existentiels et tout ça dans la jubilation d'une écriture cinématographique totalement libre et ludique. Guy Gilles utilise tout : la chanson populaire, la voix off, la photo, le flash back, un montage qui se construit comme une musique, qui n'a pas peur des ellipses, un récit vagabond dépourvu de dramaturgie ampoulée. Il raconte une bluette sentimentale, parle des rideaux de la grand-mère et nous voyons l'amour, l'attente, les doutes, les conditions de vie difficiles, la guerre, l'amitié, l'espoir. Ce n'était pas pensable de ne pas montrer ce film, nous en avons trop besoin.
Publié le lundi 18 septembre 2017