Le film de Marie Vermillard est avant tout un enchantement mais aussi l'occasion d'une expérience précieuse : celle d'établir le portrait d'une inconnue en allant, comme par un mouvement circulaire se resserrant sur son centre, de ce qui l'entoure à ce qui le distingue. Rien, dans le récit, comme dans la mise en image de celui-ci, n'est appuyé, martelé, enfoncé. Au contraire, tout y est effleuré, caressé, suggéré; soutenue par une actrice remarquable et par une caméra d'une étonnante réceptivité. Rarement on a eu l'occasion de voir des regards subjectifs participer autant, par leur justesse, à la construction d'un film; révéler aussi fortement la sensibilité d'un personnage. Car voilà, sans doute, le sujet simple de Lila Lili : un personnage. Celui de Micheline jeune femme vivant dans la marginalité des foyers de jeunes femmes en difficultés. Un personnage qui nous relie au monde, sorte d'électron libre autour duquel gravitent les autres, ceux vers qui elle pose son regard, cherchant à percer leurs mystères, observant leurs joies comme leurs peines. Espérant à travers ces multiples rencontres suspendre quelque chose du temps. Un premier long métrage à la mise en scène sensible et irréprochable, avec des envolées véritablement fulgurantes, (on retiendra, entre autre, la séquence «du mariage» d'une jeune chinoise, ou bien celle d'une jeune, quasi fiévreuse, justifiant son avortement, sous une pluie d'orage). Un film remarquable.
Publié le lundi 11 septembre 2017