Décentrement. On ne regarde pas de la même manière avant et après Noces Éphémères. C'est absolument aujourd'hui, et c'est absolument hors des clichés d'aujourd'hui. Une famille en Iran, une fête, une mort, un mariage qui se fait attendre – des noces éphémères entre-temps, peut-être (surtout ne pas révéler ici en quoi elles consisteraient). Tout cela constitue un texte, un tableau, que le film met en place avec élégance, fluidité, dans une forme d'harmonie joyeuse. Et à l'intérieur de quoi, tout en restant inscrits dans la trame harmonieuse des jours, sans crise, les personnages émergent peu à peu comme singularités, les fils commencent à se tisser en un réseau de contradictions, les désirs individuels à se faire entendre. Et là, peut-être, les problèmes commencent. « Peut-être » : parce que peut-être aussi il y aura une solution. On la cherche en permanence : par la négociation, la bonne combinaison, l'arrangement, avec Dieu, la communauté, la police, la famille. Qui peut dire s'il y a une solution ? Mais à l'inverse, qui peut décréter à l'avance qu'on n'en trouvera pas ? Noces Éphémères nous met face à la question avec une douceur magnifique : et dans cette douceur, dans cette harmonie – le film ouvre un espace de regard inédit.
Publié le lundi 11 septembre 2017