À propos de Un animal, des animaux

Hervé
Le Roux

Cinéaste

Nicolas Philibert filme le Muséum d'Histoire Naturelle comme les coulisses d'un théâtre. Il y aurait les acteurs bien sûr, animaux communs ou exotiques, mais tous triés sur le volet, et puis une vraie petite démocratie de metteurs en scène, conservateurs, scénographes, taxidermistes, partagés plus ou moins consciemment entre le goût de la beauté et le souci de la vérité, et mettant toute leur énergie à la veille de la première à ce que leurs bestioles soient à leur meilleur niveau, peintres en éléphants, épousseteurs de papillons, rempailleurs de singes, emplumeurs de psittacidés, rétameurs de rhinocéros, assembleurs de diplodocus, peaussiers pour gnous, équarrisseurs pour tous ou peigneurs de girafe, troussant ici un groin, là rajoutant quelques métatarses, ailleurs étoffant avantageusement une moustache, allant chercher une paire d'yeux au fond d'un tiroir ou quérir un crâne manquant auprès d'un fournisseur ? Des animaux donc qui seraient au cinéma ce que les marionnettes de Kleist pourraient être au théâtre : des comédiens parfaits, que l'on place à l'arraché d'un soir de filage, bêtes de savane-vedettes, sous l'oeil de Maître, René Allio, et poissons-figurants, au gré des contingences, à la perceuse, dont Nicolas Philibert, délaissant parfois l'agitation du plateau, filme aussi l'attente, dans la coulisse, cherchant en gros plan dans ces naturalisés au regard de verre quelque chose comme, sur le visage de l'Actrice, le secret.

Hervé Le Roux

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Cinéaste


Publié le lundi 11 septembre 2017

Paroles de cinéastes

Un Animal, des animaux

Un film de Nicolas Philibert
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