Amour d'enfance

Un film de Yves Caumon

Amour d'enfance

Un film de Yves Caumon

France - 2001 - 102 min

Paul a 28 ans, il n'en finit pas de finir ses études. Il ne revient pas souvent chez lui, à la ferme familiale, et s'il revient cette fois-ci, c'est que son père est malade. Immergé malgré lui dans le monde de son enfance, Paul retrouve ceux qu'il a connu : son père et sa mère, mais aussi son meilleur ami Thierry, toujours prêt à faire les 400 coups, et Odile, une jeune voisine "amoureuse de lui quand elle était petite". Pressé de partir au plus vite, Paul ne se conduit pas toujours très bien avec ceux qu'il retrouve. Mais plus le temps passe et moins Paul se décide à partir. Peu à peu, il se sent coupable d'avoir abandonné les siens. Il en vient même à regretter tout ce qu'il avait quitté. Alors il tente de rattraper le temps perdu, d'être bon et généreux. Reprenant tout à zéro, comme si le temps n'avait rien changé, il se donne une deuxième chance.

Avec :
Mathieu Amalric , Lauryl Brossier , Fabrice Cals , Michèle Gary , Roger Souza et Bernard Blancan

Sorti le 21 novembre 2001

Sortie non communiquée

À propos de Amour d'enfance

Tout est là, devant soi, juste là, à portée de cœur, palpable comme l'air qu'on respire. De l'art de l'indicible. C'est une campagne tranquille et chargée. C'est un huis-clos en plein air. C'est le silence des hommes dans une nature assourdissante. Ce sont toutes ces antinomies qui fixent d'entrée de jeu le cadre étourdissant dans lequel Paul va se débattre. Yves Caumon filme léger, en creux, pour mieux nous faire sentir le poids du hors-champ, comme cette magnifique scène de la mort du père dans sa dimension la plus vive.


_ De l'urgence de prendre le temps. Paul est en état d'urgence. Son père va mourir. Paul n'est pas le fils prodigue de la bible. Et pourtant il culpabilise. Comme reprendre le discours là où on l'a laissé avec les siens, avec ses amours d'enfance ? C'est une nécessité vitale pour lui. Etre le bon fils, l'ami fidèle, le parfait amoureux. Paul va prendre le temps, suspendre le temps, plus que de raison pour ne pas la perdre… Tenter de répondre aux désirs de l'autre. Celui de ses parents, celui de son ami Thierry ou celui de l'amour d'enfance Brigitte. Toute la problématique de Caumon se pose là : comment se débarrasser du fantasme de l'amour d'enfance, de l'amour idéal qui nous empêche de grandir et d'aimer, d'être heureux autrement.


_ De l'art du ratage. Heureusement, Paul rate. Paul rate avec brio tout ce qu'il entreprend. Les cadeaux à son père, à Thierry l'ami d'enfance qui sait bien (inconsciemment) comme Caumon que rien n'est gratuit. Son amour d'enfance, Brigitte qu'on ne verra pas, réincarné par Odile (la sœur cadette). Le retour à la terre empierré de bonnes intentions. Paul a le choix comme les deux chiens de l'histoire : se libérer comme celui de la ferme (« c'est tout ce qu'il y à faire ») ou se faire tuer, comme celui de son ami Thierry. Les impostures de Paul le sauvent. Paul rate pour mieux réussir. Le « prince charmant » dixit Odile, tous comptes faits, (et contes défaits) pourra enfin repartir.


_ De l'essence de l'humanité. Ce ne sera sûrement pas l'ultime campagne d'un Paul grandi, mais c'était sa campagne à lui. Nous sommes tous des Paul en puissance. Nous sommes tous des paysans d'origine, des cultivateurs d'émotions. Ici, le bonheur n'est pas toujours dans le pré. Yves Caumon trace son sillon, cultive l'art cinématographique dans sa dimension la plus humaine, tel un véritable amour pour la beauté du monde.

Patrick Zocco

 - 

Cinéaste


Paroles de cinéastes
À voir en VOD

Recherche

Gestion des cookies

En poursuivant sur ce site vous acceptez l’utilisation de cookies, qui servent à vous proposer une meilleure expérience de navigation (vidéos, photos, cartes interactives).

Tout refuser