Je me Brune, tu te Blonde, et on se dérobe à nos vies pour voir si peut-être mon voyage en vaut ta chandelle. Qui mange qui ? Je suis Blonde. J'ai été Blonde. J'ai enfilé la robe de Brune pour voir comment c'est d'être Brune. J'ai presque été Brune. Il y a des témoins ? Oui, ils vont et viennent, du passé au présent, comme une impression de déjà-vu. Et votre amie, vous la revoyez ? Oui, elle est encore plus Brune que Brune, mais elle a croisé quelque chose de Blonde, et quelque chose a bougé en elle, à l'intérieur. Et la robe de Brune ? Refilée à une autre une blonde. Mais quand ça c'est passé tout ça ? Le temps de Blonde et Brune, une heure à peine, le temps d'une irrévérence absolue, où les ellipses fantastiques éclipsent littéralement l'ordonnance des codes narratifs. Blonde et Brune obéit au temps de l'une pour suivre les désirs de l'autre, mais pas à la même vitesse. Ce désir qui permet à l'une et à l'autre d'éprouver les limites de son identité, de sa liberté et de sa croyance, dans la réalisation approximative d'un fantasme ordinaire : « Ah si j'étais toi ! »
Eloge de la vérité dans l'erreur, de la faiblesse humaine et de l'ironie du sort, le film de Christine Dory, dans une liberté de ton inouïe, court sur une crête de gravité qui lui donne des accents de terreur soudaine, et réussit à donner forme, à cette dimension ordinaire de l'amitié : le vampirisme. Avançant sur une double ligne : réaliste et fantastique, Blonde et Brune nous embarque sur un terrain meuble, bouleversant tous les rapports, humains, temporels, géographiques et rythmiques. Blonde et Brune, Christèle Tual et Aude Briant, venues chacune du théâtre, jouent tout en contrepoint, la vibrante comédie du même et de l'autre.
Insolent, à pas tremblés, Blonde et Brune se livre et s'expose brut et raffiné, face au public.