Devarim

Un film de Amos Gitai

Devarim

Un film de Amos Gitai

France, Israël, Italie - 1995 - 110 min

Un jour d'avril beaucoup trop chaud, Caesar et Israel apprennent la mort du père de leur ami, Goldman. Ils ont l'intention de se rendre aux funérailles même si ils ne connaissent pas le lieu d'inhumation, ils errent de cimetière en cimetière et ratent l'enterrement. Caesar, photographe, la quarantaine, dépense toute son énergie à conquérir les femmes, se servant du sexe comme justification de son existence. Israël, la trentaine, est plutôt réservé. Il rêve de devenir organiste mais ne fait rien pour se réaliser et préfère laisser Caesar, avec qui il vit, s'occuper de tout pour lui. Goldman, avocat, rêve d'un grand amour qui donnerait un sens à sa vie. Malgré tout, il reste chez ses parents et ne change rien à sa routine. Ils mènent une existence mélancolique inéluctablement condamnée au questionnement et à l'errance. Ils méprisent leur entourage, sont nostalgiques de leur passé. Ils appartiennent à cette génération des années 70 ou chacun à sa manière, s'efforçait sans succès de donner un sens à son destin. Devarim est l'histoire de cette errance, de cette quête, dans laquelle les existences s'enchevêtrent dans le passé et le présent de Tel-Aviv, une ville balayée par le hamsin, un vent qui rend fou...

Avec :
Assi Dayan , Léa Gal , Amos Gitai , Léa Koenig , Amos Schub et Michal Zoharetz

Sorti le 25 mars 1998

Sortie non communiquée

À propos de Devarim

Un film double qui avance avec son ombre, hanté par une conscience intérieure du destin et de l'aléatoire, qui prend source auprès des morts et des ancêtres. Comme cette longue errance dans la lumière violente de Tel-Aviv, désertée par la chaleur, d'un cimetière à l'autre, au milieu de tombes éblouissantes, à la recherche d'un cadavre qui a fait faux-bon... Dans une étonnante scène de condoléances, famille et amis, tous personnages que nous retrouverons tout au long du film, viennent dire à haute voix ce qu'ils pensent les uns des autres comme un cynique jeu de la vérité. Parce qu'il nous confronte d'emblée avec la mort, ce film nous interpelle par sa brutalité et la franchise des rapports humains. Ils sont tous rejetés ou à la recherche d'un paradis perdu. Ils ne connaîtront plus le goût du premier amour ou de la soupe que cuisinait "la mère morte aux camps". Exilés dans cette ville, enfermés sur eux-mêmes et sur leur passé, dans un huit clos étouffant, aucune fenêtre ouverte sur l'extérieur comme si, n'existait dehors que la spéculation immobilière. Ce qui me plaît infiniment chez Amos Gitaï c'est qu'il fait commencer les rapports amoureux là où ils finiraient dans d'autres films, et le miracle se produit comme dans cette scène bouleversante où Caesar apprenant que son fils est atteint de leucémie retrouve son ex-femme et qu'ils arrivent à exprimer ce qu'il y a de plus délicat dans la tendresse et la mélancolie. Ainsi les dés peuvent être jetés mais, aspirés par le vide, ne pas retomber. Il y a l'ombre et la lumière, le familier et l'étranger. Il arrive aussi que dans son réalisme le familier devienne incongru jusqu'à l'étrange, comme ces scènes découpées en très gros plans, comme s'il examinait l'âme à la loupe, où l'on partage l'angoisse de Goldman jusqu'à la décision du suicide. le seul choix qui reste à l'homme pour dominer la mort. Nous sommes aspirés par l'événement du film comme par l'actualité contemporaine. C'est la forme même de ce film, ce regard particulier de son propre sujet, qui nous réunit immanquablement au sein des mêmes lois: l'ordre des fatalités. Dans ce paradoxe vécu de certitude et d'improbabilité tout avenir apparaît duel, à l'image de chaque instant de ce voyage sans retour.

Jacques Kebadian

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