Entrée du personnel

Un film de Manuela Frésil

Entrée du personnel

Un film de Manuela Frésil

France - 2011 - 60 min

L'abattoir est loin de tout, tout au bout de la zone industrielle. Au début, on pense qu'on ne va pas rester. Mais on change seulement de poste, de service. On veut une vie normale. Une maison a été achetée, des enfants sont nés. On s'obstine, on s'arc-boute. On a mal le jour, on a mal la nuit, on a mal tout le temps. On tient quand même, jusqu'au jour où l'on ne tient plus. C'est les articulations qui lâchent. Les nerfs qui lâchent.

Alors l'usine vous licencie.

A moins qu'entre temps on ne soit passé chef, et que l'on impose maintenant aux autres ce que l'on ne supportait plus soi-même. Mais on peut aussi choisir de refuser cela.

Entrée du personnel a été réalisé à partir de récits de vie de salariés et de scènes tournées dans de grands abattoirs industriels, sous la surveillance des patrons.



Sorti le 01 mai 2013

Sortie non communiquée

À propos de Entrée du personnel

La manière dont ce film témoigne du travail en usine, de l'asservissement des corps à la chaîne et de l'allégeance des entreprises à un marché toujours plus dévorant, rompt subtilement avec l'ordinaire des documentaires sur ce sujet. Pas de complaisance compassionnelle, une intelligence précise de la mécanique qui enserre les corps et de l'espace social qui se dérobe à leurs désirs : exploités mais pas esclaves, les ouvriers de ces grands abattoirs industriels témoignent au plus près de l'expérience des corps, des leurs et de celui du bétail exécuté, et mettent à nu un système qui à terme se dévore lui-même après la dévoration de ses acteurs.


Un système absurde est ici chorégraphié, un système en cercle fermé, comme le défilement burlesque des volailles dansantes ; un système social et économique destructeur et vain où l'emballement des cadences épuise ses producteurs de richesse (les poignets cèdent, le corps crie forfait), et où le corollaire de la course à l'expansion est la dévalorisation à terme de sa marchandise. Logique aveugle et suicidaire, jolie leçon d'économie capitaliste.


La mise à distance par les témoignages en off, le jeu des gestes dans leur chorégraphie obsessionnelle, une façon de filmer l'espace comme celui d'une installation burlesque et terrible dont la mise en scène est dévolue à l'accumulation et dont les frises mobiles de poulets légers et le gigantisme imposant des carcasses de bétail animent l'espace, le temps du travail englouti, nié, geste après geste, un temps sans durée, abstrait, dévoré par la répétition de séquences morcelées :  tout une logique filmique est mise en œuvre ici pour éclairer ce petit théâtre exemplaire de l'exploitation.

Cati Couteau

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Cinéaste


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