ÉTAT LIMITE

Un film de Nicolas Peduzzi

ÉTAT LIMITE

Un film de Nicolas Peduzzi

France - 2023 - 102 min

Comment bien soigner dans une institution malade ? Dans un hôpital de la région parisienne, le Dr. Abdel-Kader, psychiatre de liaison, navigue des urgences au service de réanimation, de patients atteints de troubles mentaux à ceux qu’une maladie chronique retient alités. En dépit des impératifs de rendement et du manque de moyens, il s’efforce d’apaiser leurs maux. 

How to provide good care in a sick institution? In a hospital in Paris, Dr. Abdel-Kader, a liaison psychiatrist, navigates from the Emergency Room to the intensive care unit, from patients with mental disorders to chronically ill and bedridden ones. Despite the imperatives of efficiency and the lack of means, he tries to soothe their ills. 

EN SALLE

Sorti le 01 mai 2024

En salle

À PROPOS D'ÉTAT LIMITE

État limite de Nicolas Peduzzi fait le constat d'une société malade, rongée de l'intérieur par la voracité de son modèle libéral. Une société qui détruit les esprits et les corps, pervertit les moyens qu'elle se donne pour se soigner. Jamal Abdel Kader, le psychiatre d'un service d'urgence, arpente les couloirs de l'hôpital Beaujon comme le pont d'un navire en déroute toutes les heures du jour et de la nuit. Nous sommes sur ses talons. Ici, les moyens sont réduits à une peau de chagrin, les souffrances humaines s'accumulent mais il faut pourtant trouver l'énergie de garder la tête haute, de tendre l'oreille, de protéger pour peut-être guérir. Nicolas Peduzzi filme ce médecin comme un super héros. La conscience aiguë que tout ne tient qu'au dévouement sacrificiel des médecins et des soignants s'impose. Mais jusqu'à quand ? 


Lucas Delangle, Laure Vermeersch et Idir Serghine, cinéastes de l'ACID 


Nicolas Peduzzi's film État limite is a report on a sick society that is eaten away from the inside by the voracity of its free market economy. This is a society which destroys both minds and bodies and perverts its own means of healing itself. Every hour of the day and of the night, Jamal Abdel Kader, the only psychiatrist of an emergency department, paces the corridors of the Beaujon hospital as if he were pacing the decks of a ship in disarray. And Peduzzi's camera is always right behind on his heels. In this department, there are fewer and fewer financial resources and more and more human suffering. And yet, Jamal Abdel Kader needs to muster enough energy to keep his head up, be all ears, protect and possibly heal his patients. Nicolas Peduzzi films this doctor as he would a super hero. His movie makes us keenly aware that everything only holds together thanks to the sacrificial dedication of the doctors and nurses. But for how long ? 


Lucas Delangle, Laure Vermeersch & Idir Serghine, ACID filmmakers 

Lucas Delangle

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Cinéaste


Laure Vermeersch

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Cinéaste


Idir Serghine

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Cinéaste


Paroles de cinéastes

A propos d'État Limite

 Paris, Texas.

Après les épisodes texans de Southern Belle (2017) et Ghost Song (2021), plongés au contact de personnages border dans un état américain que la frontière obsède, Nicolas Peduzzi est de retour en France. Il n'a rien perdu de sa capacité à conduire un « suivi documentaire ». Dans ses deux premiers longs métrages, on retrouvait certains visages d'un film à l'autre. À l'hôpital Beaujon, il poursuit son exploration des états limites au contact des patients et surtout d'un médecin : Jamal, seul psychiatre de l'établissement. À peine a-t-on fait sa connaissance que démarre un contre-la-montre. Objectif : écouter les patients en souffrance, et résister à la pression d'un hôpital public qui ne va guère mieux. On se demande d'ailleurs si cet Etat Limite est celui d'une institution au bord de l'implosion, de malades à la dérive, ou la dénonciation globale d'un Etat qui aurait depuis longtemps cessé d'être providentiel. En suivant les pas de ce soignant en blouse-blanche-basket, on plonge au cœur d'un réacteur. Jamal ouvre les portes, d'étage en étage, et on sent bien qu'il aide à trouver la distance : la caméra pénètre dans la chambre, reste à la porte ou se retire. Peduzzi rythme les visites, accentuant la pression à l'aide d'une bande-son techno. À l'image, il intercale de splendides photos en noir et blanc, prises par sa mère, ancienne reporter de guerre.


Loin de n'être qu'une bombe à retardement, État limite ausculte aussi patiemment les échanges, de consultations en pauses clopes. Au détour d'un escalier de service, on entend la souffrance de ceux qui soignent. « Ce qu'on fait là, c'est une métaphore de la société », et quand ils se livrent à l'oreille de leur collègue ce sont aussi des mots adressés à la caméra de Nicolas, qui trouveront écho dans nos salles. Jamal lui-même nous parle directement. Au terme du film, il assène : « la journée est finie, enfin… pour vous ». Et le tic-tac reprend. 

Victor Courgeon


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