Trois femmes qui se baignent joyeusement tout en plaisantant sur leurs ventres de la quarantaine, leur richesse de pauvres ! Un ton est donné dès la première scène, qui permet d'entrer en douceur dans un sujet qui pourrait être épineux et austère. Comment d'anciens sans-terres vont-ils réussir à gérer collectivement la propriété qui leur est enfin octroyée après des années de lutte.
Le film commence précisément à ce moment charnière où le rêve devient réalité, on ne saura pas grand chose de la lutte qui a permis d'en arriver là, le propos est ailleurs. L'histoire est en marche dans un coin de notre monde, une documentariste a choisi de s'arrêter là et d'en témoigner.
Il s'agit d'un de ces films au long cours. En prenant le temps de suivre la mise en place de la communauté agricole sur plusieurs années, la réalisatrice réussit à nous faire ressentir le rythme paysan, fait de labeur et de patience, de ce projet qui prend forme, lentement...
Au fur et à mesure des réunions de groupe qui ponctuent son récit, mais surtout avec la complicité de Vanilda, beau personnage de femme généreuse qui sera notre guide, son film nous invite à partager l'expérience de la démocratie, parfois bien difficile, d'un collectif qui s'invente.
Et puis il y a le cinéma. De beaux plans séquences où les corps au travail ont la place de se déployer. Une narration sans didactisme, succession de tableaux qui imprègnent la mémoire, entrecoupés d'ellipses qui permettent au spectateur de poursuivre la réflexion au-delà du film lui-même.
Pas de happy end à cette histoire que le film laisse en suspens. Mais l'on en sort avec le sentiment que les rêves sont fragiles et la vie coriace. On se prend à y croire et à partager l'espoir que la pluie vienne...