« - Charles, tu as devant toi un obsédé sexuel ! » Voilà, c'est dit. Demandez le programme : voir sous les jupes des filles. Au pays des arbres à petites culottes et des filles en minijupe, nous sommes tous des branleurs solitaires. Ça n'est pas dramatique, après tout. C'est la comédie. « - Tu me filmes ?
_ Non, je m'entraîne.
_ Si tu me filmes, c'est que tu m'aimes, et si tu m'aimes, moi je t'aime, et ça, c'est du cinéma. » Mais qui entraîne qui dans cette histoire ? Il fallait juste que ces deux-là se rencontrent. Le premier s'exerce avec sa petite caméra, dans les bois. Le second, le Russe, n'attendait peut-être que ça, pour se sentir enfin quelqu'un. Pour que son histoire - son drame - devienne un film dont il serait le héros. Pour que ça soit beau, que le film soit beau. Il fallait donc que Charles soit là, avec sa caméra, pour que tout cela existe, vraiment. Et quand il n'est plus là, quand Lola débarque à l'improviste chez Micha et lui dit « viens, viens », en écartant les cuisses, il n'y a plus personne. Plus rien n'est possible : c'est trop tard. Jamais satisfait, la faiblesse de l'homme est criante. Il est là le film : sur les pas d'un homme seul, solitaire, passionnément obsédé par les filles, secrètement préoccupé de les regarder sans relâche, par devant, par dessous, par derrière. Aux jeux de l'amour et de la séduction, cet homme-là préfère le cul sans détour. Le beau cul. Avec une déconcertante sincérité, Micha nous dévoile son impossible rapport au monde, aux femmes. Il y a quelque chose d'un peu fou dans cette histoire, tragique et drôle, légère et désespérée, jusqu'au bout, jusqu'à la fin, jusqu'à la dernière seconde de la vie, la plus belle, juste avant les anges.