Une voix off : « Vous savez, Saint Petersbourg a la réputation d'avoir la deuxième place après Londres pour sa quantité de pluie et de fantômes ». A l'image, un lent travelling, des branches recouvertes de neige. Un extérieur, l'unique du film, avant de pénétrer dans l'appartement collectif - Kommunalka en russe -, sans plus jamais en ressortir…
Tania, Roustam, Sveta, Natacha, Valentina, Anna et Anatoly y vivent dans des conditions précaires. Certains depuis peu, d'autre depuis des années. Devant la caméra, placée à juste distance, les humanités peu à peu prennent chair et les fantômes surgissent : Histoires d'exil et de morts, de destins brisés et de vies échouées… Sans misérabilisme aucun, se mêlent alors les anecdotes personnelles et l'histoire de la Russie, et s'esquissent subrepticement des portraits de citoyens ordinaires survivant dans une société chaotique en pleine mutation…
Kommunalka est un film violent sans aucune violence, un cul de sac désespéré débordant d'amour et de tendresse. « Une expérience humaine », comme le dit justement l'un des personnages. Kommunalka est un film humble et juste, un film d'écoute, d'où émane, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, l'âme de la Russie éternelle.