Ceux qui déplorent le manque d'originalité des premiers films devraient se précipiter pour voir La Part Animale de Sebastien Jaudeau. Sujet incroyablement original et audacieux, plongée radicale au cœur d'un monde où s'interpénètrent le règne de l'homme et le règne animal. Nul esprit documentaire - encore que le contexte social soit rendu avec une extrême précision- mais plutôt la volonté d'explorer de manière cosmique notre place face à la bête, à la barbarie des traitements qu'on lui inflige, son pouvoir sur nous, à l'enjeu de notre sexualité. Plus le film avance, plus nous sommes à la fois éblouis et, stupéfaits. Mais qu'on ne s'y trompe pas. Il ne s'agit pas d'une œuvre désincarnée. Dans chaque situation, il est question de la chair, de sa monstruosité, sa force. Niels Arestrup nous effraie. Etienne nous ébranle. Rachida Brakni nous bouleverse, la bête aussi, l'immensité du ciel, l'aridité des paysages, l'enfant. Rien n'est laissé au hasard. Avec une détermination qui fait déjà de lui un grand metteur en scène, Sebastien Jaudeau s'impose, créant au fil des images et des séquences, un univers face auquel on ne peut rester indifférent. Il faut donc courir voir ce film. Se coltiner son talent et son audace, se prendre en pleine face l'interrogation qu'il pose. Et en parler.