Le Bruit, l'odeur et quelques étoiles

Un film de Éric Pittard

Le Bruit, l'odeur et quelques étoiles

Un film de Éric Pittard

France - 2002 - 106 min

Par une froide nuit d'hiver, un jeune adolescent est tué à bout portant par un policier lors d'une tentative de vol. Ce gosse de 17 ans s'appelait Habib et tous ses copains de la cité dans laquelle il vivait à Toulouse le surnommaient Pipo. 

Ce film est l'histoire de cette aventure qui débute à la mort de Pipo. Elle est racontée et jouée par celles et ceux qui ont réellement vécus ces événements. 

Il y a des chansons interprétées par Zebda, tout simplement parce que la chanson dit avec poésie et force ce que les mots quotidiens ne savent pas toujours exprimer. 

Ce film est construit comme un opéra, avec un prologue, trois actes et un épilogue. Les personnages sont les acteurs de la vie de cette cité toulousaine. Les chanteurs et les musiciens de Zebda jouent le rôle que tenaient les chœurs antiques et les récitants dans les opéras traditionnels d'après des textes de Magyd Cherfi (parolier de Zebda), pour dire la mémoire des vies blessées. 

Le Bruit, l'odeur et quelques étoiles est une histoire actuelle, une sorte de tragédie avec la "patate", de la musique et plein d'accents. Un film de cinéma pour dire et chanter comment on peut être français, vigilants, différents et bien ensemble.

Avec :
Farid Benfodil , Kader Benguella , Farid Mekouchech et Kheira Mekouchech

Sorti le 20 novembre 2002

Sortie non communiquée

À propos du Bruit, l'odeur et quelques étoiles

Fait-divers. L'histoire se passe à Toulouse. Habib (que tout le monde appelle Pipo) et son copain Amine ont piqué une voiture pour la soirée. Ils se font repérer par un gardien d'immeuble qui prévient la police. Les flics arrivent. Il fait nuit, Amine parvient à s'échapper. Le brigadier tire, Pipo est retrouvé mort au petit matin par une passante du quartier.


Et les vaches sont bien gardées… Il y a la grande ville et ses cités, il y a des mômes qui font des conneries, il y a même des voyous. Les flics font la police, il y en a aussi qui font des conneries, dans ces cas-là on dit « bavures ». Il y a la peur, du bruit, de l'odeur, des mômes, des voyous, des flics, des étrangers, de l'avenir, du grand monde tout autour… Tout le monde est à sa place et Pipo est mort par terre, la nuit, seul dans la rue.


À l'annonce de la mort de Pipo, injuste, forcément injuste (il n'avait pas dix-huit ans - le coup était à bout portant…), le quartier où Pipo vivait s'est embrasé durant quatre jours et quatre nuits et 1600 policiers (CRS – Stup – BAC - PJ) furent dépêchés sur place.


_ La mort de Pipo est le point de départ de ce film qui nous raconte bien d'autres choses que la sempiternelle histoire des bons et des méchants, de l'ordre et du désordre, de la racaille et des gens bien, bref, on est loin des certitudes et de tous les stéréotypes sur les banlieues.


_ Son absence éclaire la tête et le cœur de ceux qui ont connu Pipo. Ce sont eux les acteurs du film, eux que nous suivons au risque de les aimer comme les héros d'une tragédie. C'est la complexité des êtres qui est en jeu dans cette histoire, les fracas de l'existence. C'est une histoire d'aujourd'hui. Les protagonistes ont l'accent du midi de la France. Ici ils se nomment Farid, Schumi, Kheira… La mort de leur copain est une injustice, c'est comme ça qu'ils l'ont vécue. Ce qui est beau, c'est qu'ils ne se sont pas arrêtés là. Ils ont voulu sortir de leur rôle. Prendre la parole, demander justice, rencontrer les autorités et s'unir pour se faire entendre. Aller jusqu'au bout, ça voulait dire s'émanciper, briser l'image de la cité, la leur, pour Pipo et pour eux. Ils l'ont fait. Oui mais voilà, on ne s'échappe pas comme ça, pas si simple de changer de rôle, de sortir, rien à voir avec la justice ou l'égalité des chances. Il y a comme de la fatalité dans l'air. C'est le vertige du film. Sa force est sa fragilité. Il va jusqu'au bout avec eux. Il trouve la parole, pas celle du journal de 20H, pas celle des donneurs de leçons, non, ici la parole est d'homme, de jeunes hommes lucides. Et parce que les mots parfois ne portent pas assez, quand ils ne suffisent plus à nous faire avancer ensemble, à conjurer la fatalité, à réchauffer les cœurs, il y a les chansons de Zebda. Ils forment le chœur, en appellent à l'imaginaire et à la poésie. Et l'histoire se chante aussi… Comme à l'opéra. Alors ce film est une chance, pour nous sûrement et pour Farid, Shumi, kheira et les autres, peut-être ?

Luc Leclerc du Sablon

 - 

Cinéaste


Paroles de cinéastes

Recherche

Gestion des cookies

En poursuivant sur ce site vous acceptez l’utilisation de cookies, qui servent à vous proposer une meilleure expérience de navigation (vidéos, photos, cartes interactives).

Tout refuser