Le Pont des Arts se situe en plein cœur de Paris, lui-même décor du nouveau film d'Eugène Green qui se déroule l'année précédant la mise en place de la fête de la musique. Pourtant, de la musique, il n'en manque pas. Le film transpire, s'inspire, aspire la musique, et pas n'importe laquelle : la musique baroque et puis aussi un peu rock ou plutôt « bar rock ». L'histoire d'une chanteuse de génie (Natacha Régnier) maltraitée par un tyran chef d'orchestre (Denis Podalydes) est menée en parallèle avec celle d'un étudiant (Adrien Michaux) qui a perdu le goût de vivre, cherchant la sève qui pourrait le ranimer. Histoires parallèles, histoire d'amour entre deux protagonistes qui ne se connaîtront jamais, unis dans l'amour de l'art, amour suprême, immatériel. Leur relation symbolise le pont qui peut lier l'existence humaine au travers de l'œuvre d'art avec la vie humaine dans le monde concret. (Le Pont des Arts). Le film d'Eugène Green se construit lui-même comme une pièce de musique, avec des mouvements, des rythmes, des thèmes. Le spectateur entre dans un labyrinthe étrange qui le conduit jusque dans les entrailles du baroque, au fond des coulisses du lamento della Ninfa de Monteverdi, dans les rouages de la culture et du monde de ceux qui la manipulent. On assiste à un numéro exceptionnel d'Olivier Gourmet interprétant Phèdre en petite tenue. On avance dans les plus belles ruelles parisiennes jusque dans les cafés les plus « glauques ». On rit, on pleure, on découvre Paris, on est bercé par la musique, on découvre une nouvelle manière de prononcer les dialogues, on est transporté par des acteurs hors du commun, le tout pour seulement 8 euros, le prix d'une place de cinéma… On découvre un film hors normes, conçu par un auteur hors normes, qui nécessite pour une fois d'aller au cinéma voir du cinéma…