Parfois trop d'amour

Un film de Lucas Belvaux

Parfois trop d'amour

Un film de Lucas Belvaux

France, Belgique - 1992 - 80 min

Ca commence par une fin de nuit à Paris, une nuit pleine de vin et de souvenirs communs qu'ils se racontent jusqu'à plus soif, jusqu'à ce que l'heure soit suffisamment avancée pour qu'il faille songer à rentrer, chacun chez soi.
Mais l'envie de rester ensemble est la plus forte, et, sans rien se dire, ils essaient de prolonger ce moment d'intimité, d'arrêter le temps.
Alors c'est la fuite en avant, un prétexte futile, un départ précipité vers un bateau dans un port : "PASSION".
Ils sont trois.
Delphine est grande, rousse, elle a un rire franc, sonore, trente ans et un bébé Léon.
Daniel a quarante ans, ce qui lui faisait vingt ans dans les années soixante-dix, la décennie des rêves, il en rit encore.
Fernand est le plus jeune, vingt-six ou vingt-sept ans, un mètre quatre-vingt-quinze, cent kilos, un physique sans mesure et le reste à l'avenant, son amour pour l'océan le submerge, son rire le terrasse parfois.
A la poursuite du bonheur, ils vont se dévoiler, montrer peu à peu ce qu'ils voulaient cacher, ils vont attirer des solitudes plus grandes encore que la leur et les abandonner à leur triste sort, aimants qui attirent et repoussent.
Puis il faudra rentrer, fermer la parenthèse, retourner vers son quotidien, la réalité, se résoudre à se séparer, un peu meurtri.
Ils n'auront pas vu "PASSION".

Avec :
Joséphine Fresson , David Martin , Bernard Mazzinghi , Francis Bouc et Lucas Thiery

Sorti le 03 mars 1993

Sortie non communiquée

À propos de Parfois trop d'amour

Ça commence par une fin de nuit à paris, une nuit pleine de vin et de souvenirs communs qu'ils se racontent jusqu'à plus soif, jusqu'à ce que l'heure soit suffisamment avancée pour qu'il faille songer à rentrer, chacun chez soi. Mais l'envie de rester ensemble est la plus forte et, sans rien se dire, ils essayent de prolonger ce moment d'intimité, d'arrêter le temps. Alors c'est la fuite en avant, un prétexte futile, un départ précipité vers un bateau dans un port : « passion »......Ce premier film n'est pas à proprement parler un road movie. Non. Ce qu'on appelle « la route » dans ce genre de film traverse par définition des espaces anonymes peuplés d'étrangers, et de déserts... C'est plutôt un « territory movie » dont il faudrait parler, d'un film territoire, tant il est vrai que son propos se confond avec la portion de terre humaine (le Nord) traversée par les personnages du récit. Étangs, Canaux, Cafés, Passé, Présent... et même Présent-Parfait : le temps qu'il manque en français pour exprimer l'idée d'une action en train de se faire, d'un drame en train de se nouer, et que ce film conjugue de si élégante manière...

Serge Le Peron


Paroles de cinéastes

Jamais trop d'ACID

En mars 1993, sortait "Parfois trop d'amour", le premier film à bénéficier du soutien de l'ACID dés avant sa sortie.

À l'époque, l'agence était en mission de préfiguration, Jean-Pierre Thorn en était le président et l'affaire "Border Line" encore dans toutes les têtes, les fondateurs se réunissaient à la S.R.F., rue du faubourg Saint Honoré et chacun se demandait comment rallier à la cause de l'ACID ceux que tous considéraient comme des alliés potentiels, voire naturels mais dont la plupart se demandaient encore où cette bande de réalisateurs voulait en venir.

Quand j'ai rencontré les fondateurs de l'ACID, je traînais mon film depuis plus d'un an sans grand espoir de le voir sortir un jour, persuadé qu'il n'intéressait personne, que je l'avais raté et que mon expérience de réalisateur s'arrêterait là, ce sont les réalisateurs de l'Agence qui m'ont fait prendre conscience que mon film était digne de plus d'intérêt. 

Ce jour là, l'ACID s'est révélé euphorisant.

Le travail a été fait, aussi bien qu'il pouvait l'être, et le film est sorti, ce qui ne serait jamais arrivé sans l'ACID, il a donc été montré et vu, à Paris et en province, ce qui était le premier objectif de l'agence: sortir différemment des films différents. La tournée des débats a commencé, courte en ce qui me concerne, mais assez longue pour rencontrer des spectateurs un peu partout, parler avec eux et apprendre car j'ai sans doute appris plus dans les discussions autour du film qu'en faisant le film lui-même, je pouvais évaluer précisément comment chaque séquence était lue, perçue, si ce que j'avais voulu raconter était entendu ou pas. 

L'ACID révélait aussi des vertus pédagogiques.

Depuis, l'Agence s'est développée, elle a fédéré autour d'elle des énergies de tous les maillons de la chaîne cinématographique, et malgré les accrocs, les coups de mou, les espoirs déçus et les difficultés à vivre, elle a permis que le cinéma indépendant existe un peu plus et un peu mieux dans le paysage, là, surtout où il était le plus menacé, où il avait parfois disparu, dans les villes petites ou moyennes, à la campagne.

Je ne sais combien de films sont sortis en salles, ont rencontré des publics qu'ils n'auraient jamais connus sans l'Agence, mais je sais qu'un lien s'est recréé entre des cinéastes, des programmateurs et des spectateurs. On sait maintenant dans le marais poitevin que Robert Guédigian ou Malik Chibane existent, qu'ils font des films importants et qu'on pourra les voir et en parler à Melles ou à Saint-Pierre d'Oléron.

C'est grâce à toutes ces énergies, à tous ces films, à toutes ces rencontres, à tous les espoirs levés par l'ACID que j'ai pu faire un nouveau film, qu'il ait pu être produit par un producteur indépendant, distribué par un indépendant et qu'il sorte dans des salles indépendantes. L'histoire de "Pour Rire !" est intimement liée à celle de l'ACID et je crois que sans l'agence, ce film n'existerait pas. 

Aujourd'hui, l'ACID est à un tournant de son existence, son statut, probablement, va changer mais quel qu'il soit, il faudra garder vivants les liens créés, continuer à travailler sur la base du plaisir de voir des films, de la joie de les montrer à d'autres et de l'intérêt d'en parler avec des spectateurs. 

L'ACID n'a jamais été un outil comme un autre, née du désir et de la lutte, elle est devenue plus qu'une agence de diffusion, elle est une entité vivante, avec une personnalité propre, qu'on aime plus ou moins selon les périodes mais qui existe et qu'en aucun cas on ne peut laisser disparaître car elle est devenue indispensable et irremplaçable par le savoir-faire accumulé et les liens tissés entre tous les acteurs du cinéma indépendant.  



le 2 décembre 1996

Lucas Belvaux

 - 

Cinéaste


Archive

Recherche

Gestion des cookies

En poursuivant sur ce site vous acceptez l’utilisation de cookies, qui servent à vous proposer une meilleure expérience de navigation (vidéos, photos, cartes interactives).

Tout refuser