Que dire de ce film sans être irrévérencieux ? Que dire pour rendre hommage à ceux qui ont participés, acteurs, réalisateurs, producteurs. Sinon qu'il dépasse certainement leurs espérances, je les soupçonne, puisque j'y cru reconnaître une œuvre d'art.
_ Les images de Paria me pourchassent et ont réveillé en moi un vieux souvenir, celui de la peur qui s'était emparée de moi à la première découverte des toiles de Picasso. Guernica, bien entendu, avec son propos que tout le monde a certainement en mémoire, et les autres également.
Celles qui valent si cher, et communément répertoriées comme étant « belles ». Belles ? Belles ces images de l'homme déstructuré, démonté comme une machine et remonté à l'envers ?
Le temps écrit l'histoire. Le propos social de Picasso n'est probablement pas celui de Paria. Mais, comme ici, il y a l'homme nu, sa détresse de paradis perdu, le cri silencieux de celui qui vit encore, bien qu'au bout du chemin, ou la limite du gouffre, ou en plein dedans.
_ L'homme retourné au stade animal ? Faux. Si seulement on pouvait ressembler à un quelconque animal, de temps en temps, nous, êtres humains. Et de temps en temps, comme eux, être seulement, ni juste ni faux, être. Et n'être qu'attentif, à tout et à tous, c'est tout.
_ Hors du temps et du contexte, en un mot simplement vivant, comme ce chien des dernières images de ce film, poussé dans un caddie par sa loque humaine de maître. Oui, loque humaine de maître. Mais à la décharge de l'être humain, il faut rappeler qu'il est seul, dans la création, à pouvoir se remettre en cause. Bien que pas tous. Se taire, oui, que faire d'autre devant la perfection de l'esthétique sans compromis de ce film frôlant l'essentiel de la profondeur humaine.
_ Si j'ai pris le risque de parler de Paria, c'est paradoxalement pour tenter de convaincre qu'il faut, qu'il faut voir ce film. Puis s'accrocher en silence à la lumière d'espoir qui l'éclaire, si ténue soit-elle. Il y a espoir, dans désespoir.