Schizo

Un film de Guka Omarova

Schizo

Un film de Guka Omarova

Kazakhstan, Russie, France, Allemagne - 2003 - 103 min

Mustafa, quinze ans, est surnommé Schizo. Personne ne croit en son avenir. Il est chargé par le petit ami de sa mère d'embaucher des boxeurs pour des matchs illégaux.

Mais sa vie bascule lorsque le jeune boxeur qu'il vient de recruter est mortellement blessé au cours d'un combat. Celui-ci confie à Schizo l'argent qu'il vient de gagner en lui demandant de l'apporter à sa femme et à son jeune fils.

Schizo s'acquitte de sa mission mais tombe amoureux de la jeune femme. A présent, il sait pour qui il doit gagner de l'argent, quelqu'en soit le prix.

Avec :
Olzhas Nusupbaev , Kanagat Nurtay , Eduard Tabyschev , Olga Landina , Bakhytbek Baymukhanbetov , Viktor Soukhorukov et Gulnara Jeralieva

Sorti le 04 mai 2005

Sortie non communiquée

À propos de Schizo

Comment un film bien sous tous rapports (« As-tu vu le dernier film kazakh ? ») se déploie-il, en son mitan, en premier film d'envergure, décidé et singulier (« As-tu vu Schizo ? »)… ? En un détour, tout à la fois échappée et convocation, qui élargit le périmètre, et bientôt tout l'horizon. Comment le « déjà couru » programmatique - de mal en pis inextricable - se relance-t-il de sorte que rien n'était encore joué, sinon en apparence ? Par l'intrusion d'un petit personnage. Cet oncle que Shizo est allé trouver aux cimes désossées de pylônes électriques. Et aussitôt par une victoire aux poings, lot à la clé : grosse voiture, cette « Mercedes d'Amérique ».


C'est bien contre toute attente (déjà installée), contre toute géographie rase (déjà arpentée), contre toute minimale noirceur narrative (déjà circonscrite), que l'énième récit d'initiation anémique-post-république-soviétique fait un simple pas de côté pour se rejouer, enfin ludique, en film de genre, fiction acrobatique-pré-mythologique… celle d'une famille patiemment mais cruellement recomposée. Du concours de circonstances trop banal, trop fatal, pour l'adolescent marginal à la rescousse de la mère boiteuse et de son enfant petit baigneur de baignoire, Shizo se tire définitivement par cette culbute, quand l'oncle si fluet a raison du molosse qui aurait dû l'écrabouiller lors d'un de ces matchs de boxe clandestins à mains nues organisés par la mafia locale : retournement dont la force improbable, à ce point de l'histoire, fait justement le prix (inespéré) comme le poids (plume). Le petit film se met ainsi au diapason du petit personnage, et devient vaillant. Devient heureux. Et devient récalcitrant.


C'est cette force, indiscutable parce qu'elle est grâce accordée sans raison (que les plus faibles aient raison des plus forts, que ce qui aurait dû naturellement avoir lieu échoue par ce que n'aura pas voulu, forcément, la fiction - est-ce en cela qu'il devient un film « de genre » ?), qui fait s'acheminer le film de la réalisatrice Gulshat Omarova en des scènes toujours plus précises à mesure qu'elles perdent leur pittoresque, plus « américaines » à mesure qu'elles se délestent d'un devoir de rendu typique (coprod. européenne). Shizo, d'un drap qu'on tend sur un lit, d'une roulade de pommes rouges sur le bitume, d'un magot entassé parmi les cageots du grenier en attendant les premières neiges, tire le récit de la victoire attentive de son personnage ballotté. Victoire non pas remportée de haute lutte : c'est à force de basses œuvres, au contraire, que le jeune Shizo s'est trouvé, au lieu d'un destin tout tracé, une vocation. De n'être pas le malade qu'on dit.

Sandrine Rinaldi

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