Si je t'aime prends garde à toi

Un film de Jeanne Labrune

Si je t'aime prends garde à toi

Un film de Jeanne Labrune

France - 1998 - 110 min

Dans un train qui le conduit vers Mulhouse, Samuel fait la rencontre de Muriel, écrivain, avec qui il engage la conversation sur un mode ironique et joueur. Ils se quittent en cours de voyage. Quelques semaines plus tard, Samuel se présente chez elle à l'improviste avec l'intention de la séduire. Muriel se donne à lui par curiosité et pour le plaisir mais elle est vite troublée par le caractère entier et dévorant de Samuel dont le seul centre d'intérêt se trouve être l'amour. Très occupée par son métier, jalouse de son indépendance et soucieuse d'être respectée, Muriel se méfie de Samuel et de ses comportements envahissants, inquiétants. Qui est-il réellement : un truand, un pervers, un déséquilibré ? Peu à peu, elle est prise dans l'engrenage de l'attachement. Samuel joue avec ce qu'il y a de plus irrationnel en elle, la tient en haleine par les mises en scène de son amour et par le mystère qu'il incarne. Personnage de roman qui traverse la vie, Samuel trouble le corps et l'âme de Muriel, pique sa curiosité d'écrivain, l'embarque dans un duel amoureux qui lui fait délaisser le travail et les amitiés.

Avec :
Nathalie Baye , Daniel Duval , Jean-Pierre Darroussin , Philippe Khorsand , Hubert Saint Macary , Elisabeth Commelin et Michel Danieli

Sorti le 02 septembre 1998

Sortie non communiquée

À propos de Si je t'aime prends garde à toi

Qu'est ce qu'un mélodrame ? Un récit où les protagonistes suivent une ligne de désir qui n'appartient qu'à eux, qu'ils ne peuvent - ne veulent - partager avec personne : un parcours fatal qui les conduit logiquement à entrer en opposition radicale avec le monde qui les entoure, qui les enferme dans un univers opaque, jusqu'à la catastrophe inévitable finale. C'est ce pari, le plus difficile qui soit, que réussit Jeanne Labrune avec Si je t'aime, prends garde à toi.


_ Mais le film ne se contente pas de reprendre les règles d'un genre qui a traversé l'histoire du cinéma. Il opère avec une singularité qui en bouscule les codes et qui donne une vraie actualité à son sujet. En particulier grâce à la composition extrêmement précise du personnage joué par Nathalie Baye. Emportée sur la pente fatidique de sa relation avec un homme étranger à son entourage habituel, cette femme fait preuve, dans le même temps, d'une force qui dérègle les mécanismes conventionnels de passion amoureuse : perte des repères (« on sait qu'on est amoureux », disait à peu près Truffaut « quand on se met à agir contre ses intérêts »), don (et abandon) total de soi, déchéance, soumission etc...


_ Si je t'aime... n'est pas exempt de ces éléments dramatiques, ils sont même distillés dans le film avec à-propos, mais ils sont incarnés dans un personnage de femme qui ne cède jamais sur elle-même, qui se perd sans se départir de son être de femme intégrée socialement et intellectuellement à son époque. Ce réalisme du personnage, pris dans la tourmente de la passion, donne au film une étrangeté tout à fait nouvelle dans ce type de récit. C'est aussi ce qui alimente la folie de l'homme qu'elle aime, ce qui le déstabilise par-dessus tout. Du coup, ce qui pourrait n'être qu'une démonstration de plus de la puissance des sentiments (ce ne serait déjà pas si mal) prend la forme d'un affrontement tragique entre deux forces hétérogènes mais d'égale intensité : force physique, rageuse, exhibée d'un côté, force contenue, fragile et mystérieuse de l'autre. Affrontement qui confère au récit une tension permanente et actualise les enjeux dramatiques entre les personnages jusqu'au dénouement. Sous ses apparences classique, Si je t'aime... est habité d'une intense modernité.

Serge Le Peron


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