La Portugaise Leonor Teles signe un film délicat et doux sur le passage du temps, autour de la figure charismatique d'un simple pêcheur du fleuve.

Terra Franca, premier long métrage de la jeune cinéaste portugaise Leonor Teles, transforme son portrait initial du pêcheur lisboète Albertino, en butte à la disparition organisée de son métier, en un vaste film de famille lyrique et générationnel, qui se fait de plus en plus narratif et entraînant à mesure qu'il fréquente ses personnages.  (...)

Simple et beau.

La jeune Leonor Teles, elle, était à Lisbonne pour présenter son puissant premier long-métrage, Terra Franca – qui sortira en salle en France le 21 novembre. Dévoilé en mai, à Cannes, par l'Acid (…) Sa méthode est révélatrice de la porosité très forte, au Portugal, entre documentaire et fiction.

La jeune réalisatrice portugaise trouve une juste distance pour faire sentir l'épaisseur mystérieuse de l'évènement, la façon dont celui-ci arrive à chacun avant d'être un point dans la forme d'une vie, et même de plusieurs vies, que le film trouve à réfracter dans le regard d'un père.

Leonor Teles s'immisce avec réserve et simplicité dans l'intimité de ce pêcheur et de sa famille (…). Cet homme qui est né sur un bateau et dont le regard change dès lors qu'il navigue sur le fleuve, dégage un magnétisme saisissant.

Premier long-métrage d'une jeune prodige de 25 ans (Ours d'or du court-métrage à Berlin en 2016), le film parvient sans drame (mais non sans tension) à dire l'essentiel non d'une existence qui se termine mais  d'un monde qui se continue sous une autre forme. Peu bavard, il distribue avec précision, souvent avec humour, ce qui reste et ce qui s'en va : au centre, le père, figure forte maltraitée par le cours des choses, acquiert une noblesse paradoxale, personnage aimant et secret. Terra Franca ramène dans sa forme même à l'idée d'une frontière : celle entre le documentaire et la fiction, particulièrement ténue, ambiguë même, dans ce long-métrage. À l'inverse de ces propositions documentaires où il faut « faire vrai » à tout prix, au prix surtout de la sincérité, Leonor Teles donne une chance au réel qu'elle observe (…). Terra Franca, œuvre de cinéma, respire.

Un doc lumineux et sensible (...) La beauté irradiante des plans captive d'emblée. Ce documentaire portugais est avant tout un portrait de famille, une ode à la vie domestique. La jeune réalisatrice (...) capte à juste distance le doux ressac de la vie qui passe, sans faire de vagues. Moins sensationnel qu'une déferlante de sentiments, le résultat est profondément émouvant.

"A voir"

Un feel good movie (...) le diaporama de toute une vie, comme une musique peut déclencher une avalanche de souvenirs (...) Albertino a une gueule de cinéma. Leonor Teles le filme comme un cow-boy, le regard au loin, inquiet et conscient de la disparition prochaine de son métier, dans des plans magnifiques.

Un très beau documentaire (...) Qu'elles soient plus ou moins banales, les scènes du quotidien sont toujours scrutées avec la même attention, la même bienveillance, la même pudeur. Insistons aussi sur la délicatesse avec laquelle Leonor Teles parvient à s'effacer  pleinement derrière ses personnages. (...) Terra Franca est une preuve de plus de l'émergence d'une nouvelle et séduisante génération de cinéma portugais.