Nous restons stupéfaits lorsque nous découvrons de tels documents. Cet homme à la caméra nous donne à voir et à entendre, dans ce huis clos, une radiographie de ce qu'est aujourd'hui, en Grèce, une justice expéditive dans laquelle se débattent plaignants et coupables présumés. Themis dessine des traces de vies qui se superposent les unes aux autres et s'inscrivent dans cette longue histoire de rendre justice. Parce qu'ils ont déjà été là, certains des personnages, que nous découvrons dans ce tribunal, semblent presque enjoués et malgré leur goût immodéré de la procédure ils perdent pied mais rien ne semble vraiment grave. Cependant, ils doivent composer avec la rapidité avec laquelle chaque cas est traité par des professionnels inébranlables qui pressent le pas, tout en restant immobiles, derrière leurs feuilles de papier blanc qui leur servent de chambre de délibération. Nous restons alors sans voix devant les encoignures de l'âme humaine et les recoins de la vie civique du pays.
_ D'une certaine manière, le film est un petit précis de décomposition. Et nous nous demandons alors si ce mouvement est irréversible ? S'agit-il de la justice qui nous attend tous ?
_ Avec une économie de filmage élémentaire, sans effet de mise en scène, le cinéaste nous fait découvrir toute la rectitude séculaire de l'ordre qu'incarne la justice qui ne transige avec presque rien ni personne et son propre processus de déconstruction dont nous sommes désormais les observateurs. C'est tout le mérite de ce film de parvenir à faire cette distinction.