Loin des destinations touristiques, João Pedro Plácido nous emmène à Uz, au nord du Portugal, au sein d'une communauté villageoise de 50 âmes qui vivent d'une agriculture de subsistance. Parmi elles, deux figures : Antonio, un des doyens, qui disserte sur l'économie européenne en triant ses patates et Daniel, jeune vacher de 21 ans, « destiné » à être paysan depuis l'adolescence. Dans des paysages merveilleusement saisis par la caméra de João Pedro Plácido, nous participons, au rythme des saisons, aux travaux réalisés en commun : vider les étables, tuer le cochon, tondre les brebis, planter les pommes de terre … Un documentaire sur le monde rural portugais, cela pourrait ne pas faire rêver. Mais la beauté des images, sous la pluie, la neige, dans le brouillard, sont autant de tableaux fascinants. Le mode de vie de ces paysans, dans la non consommation, avec à peine quelques emprunts à la modernité (un téléphone portable, une télévision d'un autre âge), leur sagesse paysanne - « il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger »-, cet amour de la terre et des bêtes, leur disponibilité à l'autre, nous renvoient à un monde en train de disparaître, un monde oublié. Et puis il y a Daniel, sa naïveté touchante, Daniel et ses rêves d'amour, un sourire grand comme un soleil, Daniel et ses vaches, Galante, Cerise, Roussette et les autres, Daniel et son vocabulaire imagé, son humour, Daniel que l'on aime d'emblée comme on aime ce petit bonheur de cinéma qui fait un bien fou.