Sylvie
Larroque
Programmatrice
Il y a d'abord l'incroyable décor qu'est cet abattoir d'Alger, avec ses couleurs vives et ses rites mystérieux (des chaudrons fumants que l'on touille, des peaux de bêtes qu'on empile). Est-on dans le présent ou dans l'Antiquité, avec ses oracles et ses Sphinx, son chœur de personnages qui nous disent tour à tour, leurs visions, leurs rêves ou leurs désillusions ?
Dans ma tête un rond-point est un film intrigant, avec ses pleins et ses vides, qui passe, de manière très libre, de l'agonie des bêtes aux confidences des hommes, de l'agitation du quotidien aux accents fantastiques de la nuit.
La caméra de Hassen Ferhani est aux aguets, elle fait surgir des images insolites, explore chaque plan en profondeur et joue du réel et de l'artifice pour mieux nous faire plonger dans le grand théâtre de la vie, dans toute sa dimension existentielle et prosaïque.
Et au travers des personnages que l'on croise (Amou et sa mouette, le vieil Ali, les jeunes Youssef et Hocine), c'est l'Algérie qui affleure dans ce documentaire aussi drôle que mélancolique : l'héritage colonial, le peuple oublié, le cri d'une jeunesse étouffée. Une belle découverte.
Publié le mercredi 11 octobre 2017