A propos de Vitalina Varela

Marie-Pierre
Brêtas

Cinéaste

Vitalina Varela de Pedro Costa nous plonge dans une noirceur profonde dont il fait sa matière photographique, son air qu'on respire. Pourtant dans cette obscurité, on voit tout. Le visage terrible et puissant de Vitalina sur lequel se lit sa colère, sa peine, son désir de comprendre celui qui l'a abandonnée, sa résignation. Son refus aussi de ressembler aux compagnons de misère de son époux, ces hommes « petits, déchus », de se laisser engloutir par ce monde qui ne tient qu'à des fils dérisoires: une assiette de haricots et de potiron, trois boîtes de conserves de thon, un amas de ferrailles trimballé dans un caddie.


De ces ténèbres affleure une vitalité pugnace, comme autant de signes que l'on regarde avec avidité, tel ce colibri de céramique que Vitalina dépose près d'un bouquet de fleurs violettes, promesse d'un émerveillement encore possible, le tressautement têtu de la main du prêtre qui a perdu la foi, la lente retenue de son corps qui s'affaisse, la noblesse d'une femme qui porte un plat de nourriture recouvert d'un torchon blanc. 


Le cœur politique du film réside dans l'exigence et la cohérence esthétique avec laquelle Costa, loin des discours simplificateurs, peint avec incandescence ces femmes et ces hommes jetés comme immigrés dans un pays. Celui-là même qui avait autrefois réduit en esclavage leurs ancêtres. 

Le noir comme manifeste, le noir pour voir.

Marie-Pierre Brêtas

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Cinéaste

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Vice-Présidente


Publié le mardi 08 décembre 2020

Paroles de cinéastes

Vitalina Varela

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