À propos de Il se passe quelque chose

Madame,


Je reviens de voir votre film, Il se passe quelque chose, dans le tout petit cinéma de Lyon, étrangement nommé le Cinéma, comme s'il était le dernier.

Une salle minuscule et moi tout seul pour recevoir votre film.

Je cherche les mots pour vous dire l'émotion. Pour vous remercier.

De cette fragilité qui inonde de tant de forces.

De ce temps du regard, de l'écoute, des silences, de détails et de scènes, rassemblées en bouquet de vie, de joie, de mélancolie, de l'air qui passe.

De ces pages d'un livre sur Van Gogh, tournées lentement, de ses autoportraits comme des tentatives de dire une humanité, en abîme de la vôtre, et cette phrase somptueuse, comme une exergue à mi chemin :

« Il n'y a rien de plus réellement artistique que d'aimer les gens. »

De ces moments drôle et absurdes, de la voix tellement bête du GPS à l'inutilité du traducteur google.

De ces regards émerveillés sur un feu d'artifices qui ne passionne plus à la découverte de la plongée.

De tous ces personnages de traverse auxquels vous offrez de s'immortaliser un moment et dont vous nous offrez la rencontre sans fard.

De ce désir de mort à ce désir de vie. Et de la question sans réponse de savoir ce qu'est une vie ratée ou réussie.

Malgré les cartes, comme celles étalées devant Dora, et qui ne disent jamais rien d'autre que ce que nous portons encore de désir plus ou moins inconscients.

J'énumère inutilement. Vous vous souvenez sans aucun doute de ce que vous avez filmé.

Peut être pas de vos intentions.

Sûrement pas de ce que vous provoquez, permettez, laissez cheminer dans le regard, la sensation, l'esprit le cœur du spectateur. Le spectateur solitaire dans le Cinéma.

Vous remercier de vos héroïnes et de tous vos héros, de vos images, de votre cinéma. Léger comme une bulle soufflée, mais qui volera longtemps - je l'espère - dans ma tête. Et ma réalité quotidienne.

Il est des films dont on ressort en regardant le monde, les gens, la vie, autrement. Qui donnent soudain à tout ce qui nous entoure un autre relief, un soudain potentiel. Je ne citerai pas de vos confrères - rares - qui provoquent cela. Je pense étrangement à Godard, peut être à cause de l'errance de Marianne et Ferdinand dans un paysage où vous auriez pu, aussi, trouver vos personnages. Mais peu importe les références.

Vous remercier. Parce que...

J'aimerais que le souffle d'espoir avec lequel vous propulsez vos dernières images m'accompagne encore.

Je me sens aujourd'hui comme Irma, prêt à faire ma valise pour partir, sans sauter du pont d'Avignon, mais en trouvant la manière, moi aussi, de transformer les sourires échangés, les rencontres instantanées, les regards au monde, en « quelque chose de joli, quelque chose de simple, quelque chose de beau, quelque chose d'utile». Peut être pas pour faire le portrait d'un oiseau, mais pour rendre ma vie simplement utile et belle.

C'est encore flou, approximatif, à peine esquissé.

Votre film est un clin d'œil à ce projet, à ce désir, à ce besoin.

Entre tellement d'autres choses.

Alors, encore une fois : merci !


Sourire


Jean-Robert


Publié le lundi 17 septembre 2018

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Il se passe quelque chose

Un film de Anne Alix
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