A PROPOS DE LA ULTIMA PRIMAVERA

Alain
Raoust

Cinéaste

Hélène
Milano

Cinéaste

Qu'est-ce qu'un espace dit de nous, de nos histoires, de nos rêves, de la place qui nous est assignée ou de la possibilité encore de bâtir un espace de liberté ? Ici, il s'agira d'une maison posée sur une friche et promise à la destruction. Lieu d'ancrage, le film nous installe avec délicatesse au cœur d'une famille vivant dans la précarité. Il nous embarque dans la réalité singulière, immédiatement attachante, d'un quartier en mutation. Il témoigne de la normalisation exigée par des lois, des décrets, tout un arsenal implacable qui est en soi une violence profonde infligée à ceux qui ne veulent pas vivre séparés, qu'on place de force avec d'autres. Violence Kafkaïenne, rouleau compresseur de la norme qui assèche toute forme de différences. Construit sur la force documentaire, le film s'empare de la fiction pour faire vibrer ces différences. Doucement, il montre, révèle, accompagne et laisse surgir des destins.


Le dernier printemps propose une suspension malgré l'échéance de relogement qui bat la mesure. Une affaire de saison, d'atmosphère, de parfums et de chaleur qui s'alourdit. Ce que le temps dit de nos espoirs, de nos désirs et des résistances à une forme de fatalité. Il s'écoule pourtant, inexorable entre l'annonce de la destruction de cette maison faite de courants d'air et le début d'une vie ailleurs, urbaine, serrée en des lieux exigus. Symphonie du quotidien où tout semble orchestré et tendu par le départ de ce lieu-là. La question n'est pas pourquoi ça s'arrête, pourquoi cette vie-là doit mourir, mais comment, ici, elle vit, palpite, rêve et s'égrène au rythme des anniversaires, du jeu des enfants au milieu d'un terrain vague, de la recherche d'emploi, de la rencontre amoureuse, des fêtes.


Et puis, il y a un autre territoire, celui de la famille, ce pays intime dans lequel le film nous emmène et où l'on est si bien. Chaque membre de cette famille éclaire ce lieu à sa façon, le fait briller comme un miroir de leur intériorité. Trois générations vivent dans cette maison et renvoient au spectateur ce que veut dire être ensemble. Leur plus grand trésor est l'amour et c'est cela qu'ils protègent farouchement. La maison sera détruite mais la force de ce qui les fonde sera, elle, résistance. 




What can a specific place tell about the individuals who live there? About their story and their dreams? About the position in society that has been assigned to them or about the possibility that they still have to build a space of their own where they can be free? In La Última Primavera, this place is a house built in the middle of an abandoned land which is to be demolished soon. This house is where most of the scenes of the movie are shot, which enables the filmmaker to make us viewers share the daily life of a family in need. The film gently takes us into the heart of a neighborhood which is undergoing considerable change and it makes us experience the reality of a very singular and moving situation. It illustrates a process of urban normalisation driven by an implacable set of laws and decrees which very violently tears apart those who do not want to be separated and forces them to live with other people they do not wish to live with.


The Kafkaesque violence of these bureaucratic standards literally crushes and dries up any possibility of living a different type of life. Taking its strength from its documentary foundations, the movie also uses the powers of fiction to give life to these differences. Carefully, little by little, it reveals its characters' destinies.


Even though the clock is ticking and the rehousing of the inhabitants will soon take place, the “last spring” of the film's title offers a suspension in time. The fact that the story takes place during that season matters, and so do the atmosphere, the scents and the heat that gets heavier. Time also matters, in what it says about our hopes, our desires and the way we can try to resist to a form of fatality. Still, time inexorably passes between the day of the announcement of the destruction of this shambolic, draughty house and the beginning of a new, more urban and confined life in another neighborhood. The daily life of the movie's characters is a symphony in which everything seems to be orchestrated towards the day when they will have to leave this place. However, the question is not why this life will stop, why it must die, but how, here and now, the characters keep on enjoying their lives and dreaming as they celebrate birthdays, look for a job, throw parties, watch over their children as they play in the middle of a waste ground, find love. 


The movie also explores another territory, family itself, a kind of private country in which we, the viewers, feel perfectly at ease. Every member of this family, in their own way, shines a light upon their house and makes it shine, thus mirroring their inner world. Three generations live there and they embody what living together really means. Their greatest treasure is their love and this is what they fight so fiercely to protect. True, their house will be destroyed, but the foundations of their collective strength will resist anything.


Alain Raoust

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Cinéaste


Hélène Milano

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Cinéaste

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Membre du Conseil d'Administration


Publié le vendredi 19 juin 2020

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