Ce film est une petite bombe. Une bombe qui n'en finit pas d'exploser, comme si elle en avait gros sur la patate... Une bombe comme un feu d'artificiel qui refuse de s'éteindre.
Peinture au vitriol de « largués » d'aujourd'hui, aussi bien aristos-bourgeois que bobos-prolos. Le « prolo » de service (devenu, marché oblige, auto-entrepreneur) étant aussi antipathique que ceux qui « l'exploitent ». Les femmes sont un peu mieux loties, plus proches du concret et du coup, du vrai. Au centre de ce monde filmé par Macaigne comme une apocalypse, il existe un îlot de tendresse : les vieux de la maison de retraite que dirige le « prolo ». Ces êtres qui n'ont plus rien à perdre, qui n'ont plus qu'à vivre (même si c'est pour pas très longtemps), ceux-là Macaigne les aime.
Regard répulsif et drôle, tendre et méchant, radical. Magnifique de cohérence entre son propos et sa forme.
Ce qui fait unité entre les deux, c'est la liberté : liberté de pensée et liberté artistique. Une liberté qui se construit à l'intérieur de contraintes précises. Le jeu des acteurs en est l'exemple et la matrice : ils n'incarnent pas leurs personnages, ils les « jouent », avec une distance, une intelligence et un humour qui deviennent autant de clefs données au spectateur. Ce jeu jubilatoire, ainsi que l'utilisation du 4/3 et de dispositifs de parole inspirés du théâtre, font que nous sommes tenus avec bonheur dans une distance qui nous permet non pas de nous identifier à ces personnages mais de les « regarder », de réfléchir sur ce qu'ils sont et d'en rire.
Car au final, tout ça c'est la comédie humaine. Ou la tragédie. Au choix.
Publié le lundi 21 août 2017