A propos de Seule à mon Mariage

Marie
Dumora

Cinéaste

Pamela, robe à fleurs jaunes, sac fuchsia au bras et détermination fébrile, décide de quitter la vie rude de son village enneigé de Roumanie. Elle laisse derrière elle son jeune soupirant aux yeux de loup et tous les siens puissamment vivants. Trouver la teinture qui convient, la tenue qui convient et l'homme qui convient; celui qui habitera une jolie maison dans un pays prospère. Apprendre à toute allure les règles du jeu d'un nouveau monde, à convaincre plus qu'à conquérir, qui se refuse depuis toujours à elle et aux siens.

À l'instar de son héroïne -l'incandescente Alina Serban ici révélée- le film ne se laisse pas facilement ranger dans une case, bousculant sur son passage les codes de son récit d'apparence classique. Les cadres, d'une rigueur radicale et sans afféterie, accompagnent le fol élan de Pamela dans sa tentative d'entrer, justement, dans un nouveau cadre de vie. Changer de cadre donc, c'est bien cela dont il s'agit. Mais Pamela en déborde du cadre, de l'ancien, du nouveau, et trace sa propre voie.

C'est sans doute dans cette surprise-là que s'engouffre le cinéma de Marta Bergman qui ne cède pas d'un pouce à la tentation de l'exotisme ou de la tension attendue des rapports de classe, et de l économie du couple. Le film prend corps comme par effraction discrète dans cet inattendu-là autant que dans l'observation fine de ses personnages.

Dans ce récit d'apprentissage où, comme chez Renoir, "chacun a ses raisons", le film, d'une générosité subtile, laisse sa chance à tous de la saisir, de trouver sa propre voie, d'en sortir grandi, et bouscule dans sa fièvre la bienséance d'un récit classique, d'une vie programmée. 


--------


Pamela, wearing a dress with yellow flowers, a fuchsia bag on her arm and feverish determination, decides to leave the rough life of her snowy village in Romania. She leaves behind everything and everyone.

Find the right hair dye, the right dress, and the right man; that man, the one who lives in a pretty house in a prosperous country. Learn the rules of the game of a new world as fast as possible, to convince more than conquer.

Like Pamela – played by the passionate Alina Serban, the film is not easily defined, juggling in its path the codes of its classic appearance. 

These frames, radical and with no mercy, accompany Pamela's mad impulse in her attempt to enter, precisely, a new frame of life. Changing the frame, that's what it's about. But Pamela goes beyond the frame, the old, the new, and traces her own path. 

As in the style of Marta Bergman, It doesn't fall into the temptation of exoticism or the expected tension of class relations and dynamics of the couple. The film takes shape as a discrete break in this unexpected as much as in the fine observation of its characters.

In this learning story where, as in Renoir, "everyone has their reasons", the film, of a subtle generosity, gives everyone the opportunity to seize it, to find its own way, to come out grown up and jostles in his fever the propriety of a classic narrative, of a programmed life.

Marie Dumora

 - 

Cinéaste

 - 

Administratrice


Publié le jeudi 19 avril 2018

Paroles de cinéastes

Seule à mon mariage

Un film de Marta Bergman
A PROPOS DU FILM

Recherche

Gestion des cookies

En poursuivant sur ce site vous acceptez l’utilisation de cookies, qui servent à vous proposer une meilleure expérience de navigation (vidéos, photos, cartes interactives).

Tout refuser