À PROPOS DE MOURIR À IBIZA (UN FILM EN 3 ÉTÉS)

Vladilen
Vierny

Cinéaste

Viken
Armenian

Arles, Etretat, Ibiza… Le temps de trois étés, de rencontres fortuites qui se sédimentent, des corps qui apprennent à se rapprocher, avec maladresse et élégance : un pas en avant, un pas en arrière, d'un été à l'autre, d'une villégiature à l'autre. Histoire de respects et de désir entre sexes. Le temps passe. Les corps changent. Un film se fabrique sous nos yeux, au fur et à mesure. Non ce n'est pas du documentaire et pourtant il saisit une matière vivante, libre, charnelle, il documente un je ne sais quoi du temps qui passe.  Il y a presque un air de temps retrouvé à un âge très jeune, comme si une douce mélancolie se superposait à tant d'espoirs, d'attentes. D'humour aussi… Marius qui veut apprendre à être marin mais à distance, avec des tutos sur Internet… Deux ans plus tard on le retrouve sur un bateau à Ibiza… Le film s'agence à la manière d'un conte de hasards gracieux et tisse des fils d'une année sur l'autre. Des ruptures de styles aussi. On passe d'un doux été arlésien sous le signe de Rohmer à l'énergie captivante d'une chanteuse rock à Ibiza, d'une évocation des Trois sœurs de Tchekhov à des monologues amoureux chantés à vélo sous forme de comédie musicale. 


Si le film devait au départ être un court-métrage sur un seul été, Anton Balekdjian, Léo Couture, Mattéo Eustachon et leurs acteur·rice·s ont souhaité se retrouver deux fois encore. Pour préciser ce qui a moins bien marché l'été d'avant, pour se lancer de nouveaux défis aussi. Très vite, nous sommes surpris par l'extrême cohérence entre le dispositif de tournage et la narration : l'apprentissage se fait autant par les cinéastes que par les personnages. Sur trois étés, en cherchant leurs repères de jeunes adultes, Lena, Marius, Maurice et Ali évoluent autant que la mise en scène du film. Dans ce dispositif léger, il est précieux de voir des acteur·rice·s disposer de l'espace, du temps et du hors-champ nécessaires pour expérimenter et penser leurs personnages. Ainsi, au troisième été, des résonances se créent par mille détails : par une coiffure ou une expression, les quatre amis semblent s'être contaminés les uns les autres. L'écriture intelligente du film nous offre un monde plein de fraîcheur, bien loin d'un cinéma verrouillé et surscénarisé. Ce qui ressort surtout, c'est l'incroyable plaisir de tournage et ses imprévus. Un film libre et contagieux.

Vladilen Vierny

 - 

Cinéaste


Viken Armenian

 - 

Membre du Conseil d'Administration


Publié le mardi 29 novembre 2022

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MOURIR À IBIZA (UN FILM EN 3 ÉTÉS)

Un film de Mattéo Eustachon
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