Boxing Gym de Frederick Wiseman
Richard Lord tient un centre d’entraînement de boxe à Austin. Tout le monde peut s’y inscrire : jeunes ou vieux, hommes ou femmes, Noirs ou Blancs, amateurs ou professionnels… Seules conditions : on paie en liquide et on n’est pas là pour se battre.
A 81 ans, le documentariste Fred Wiseman vient de réaliser l’un de ses meilleurs films. Le sujet, il est vrai, est idéal : la boxe aurait pu être inventée pour le cinéma. Tout y est affaire de mouvements, de rythmes, d’enchaînements et de musiques. Wiseman l’exprime en images mais aussi en sons (il est également preneur de son et monteur). Le choc des gants fait office de percussions tandis que les mesures sont figurées par les reprises, dont la fin est régulièrement annoncée par les coups de cloche. A force, l’activité paraitrait presque pacifique si la réalité ne nous rappelait à l’ordre. D’abord au détour d’une conversation, lorsqu’un sportif évoque une tuerie récente, puis surtout à la fin, quand un combat entre deux pos rappelle que l’entraînement mène à ces trois minutes d’affrontement sur le ring, d’une intensité dévastatrice. Wiseman canalise cette énergie pure avec une maîtrise parfaite, créant un effet viscéralement exaltant.
Gérard Delorme