Le documentaire, phénix du cinéma indépendant


Cinéastes de l'ACID

Le documentaire de création parcourt le monde, expose sur grand écran les musiciennes de mariage (Machtat), les médecins aux abois (État limite), les tenanciers d'un bar arlésien (Atlantic Bar), croisant la vie intime avec la grande Histoire (Pierre, Feuille, Pistolet ou How to save a dead friend). Ce sont des œuvres à part entière, remarquables et notoires, au-delà des sujets et de l'actualité. Nous ne sommes pas les seuls à le reconnaître : récemment, l'Ours et le Lion d'or ont primé Sur l'Adamant, Dahomey, et Toute la beauté et le sang versé. La presse a célébré La Rivière ou Notre Corps, et le CNC a revalorisé le fond d'aide à l'innovation. 


Les spectateurs prennent d'assaut les nombreux festivals de documentaires en France pour y découvrir des formes cinématographiques stimulantes, et explorer nos mémoires et notre société. Et pourtant ce documentaire que nous défendons à L'ACID est presque invisible en salles. Invisible, invisibilisé, absent… Pourquoi ? 


Quelques éléments d'analyse pointent l'hyper-concentration, l'épuisement et la menace d'une disparition imminente. La séance unique accompagnée tend à devenir la norme. En 2022, un film documentaire sort en moyenne dans 28 établissements soit six fois moins qu'une fiction. Les films documentaires représentent 20% des titres en salle, pour 1,4% des entrées. 

Combien de séances événementielles faudra-t-il à un film pour arriver à 15 000 entrées ? 


Imaginez un spectateur même attentif : il lui aura fallu repérer l'unique séance dans sa ville. Et puis, ensuite, comment et pourquoi partager son enthousiasme, puisque le film aura déjà quitté les écrans ? Pour un documentaire porté par le bouche à oreille, combien s'évanouissent dans les limbes ? Combien de distributeurs audacieux et engagés pour combien éreintés par le travail requis ?


L'ACID appelle à la mobilisation générale ! Un modèle vertueux de programmation des documentaires en salles est à imaginer rapidement. Il est urgent d'engager une réflexion commune, à l'échelle de la filière entière depuis les cinéastes jusqu'aux spectateurs en passant par les producteurs, distributeurs et exploitants. 


Faut-il s'appuyer sur les médiateurs culturels pour encourager une meilleure exposition des films à l'échelle d'un territoire ? Accroitre le volume, la régularité et la visibilité des programmations ? Renforcer les collaborations entre les salles, et tous les autres acteurs de la vie culturelle ? 


À bien des égards, l'invisibilisation du documentaire en salle préfigurerait celle de la fiction indépendante. Sa renaissance en salles y attirera de nouveaux publics admirateurs du bel oiseau de feu.

Cinéastes de l'ACID


Publié le mercredi 06 mars 2024

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