À propos de Quand la mer monte

Joël
Brisse

Cinéaste

Marie
Vermillard

Cinéaste

Nous le disons tout net ce film est beau, émouvant, drôle et populaire comme un Chaplin. La silhouette de Yolande (Irène), avec pour baluchon une grosse valise d'aluminium et une chaise, y vagabonde sur les routes du nord de la France. De théâtre en maison de la culture, de fête en hospice de vieux, elle enfile devant les spectateurs son masque au regard nuageux, deux trous noirs dans une forme incertaine, surmontés d'une stalactite, une face où la solitude métaphysique de l'homme se voit comme le nez au milieu de la figure. Irène, reliée par le cordon ombilical de son portable à une famille lointaine, trempe sur scène les avants bras dans le sang de ses amoureux candidats au rôle de prince charmant.


_ Et puis Charlot rencontre Paulette, Irène rencontre Grif dit le Poussin, le porteur de géant ; son double, qui se ressemblent s'assemblent, ils font la route ensemble accompagnés par Totor qui n'est pas un chien blanc à taches noires mais un géant d'osier avec un cœur qui bat. Ils traversent la frontière, ça paraît loin de l'autre côté, trop loin pour Irène qui décide de s'arrêter là. Poussin s'en va, de dos, très loin. Le temps passe, c'est la vie qui sépare les êtres, la vie où chacun a son théâtre, la vie qui nous fait repasser par là.


_ Un beau film sentimental où naît et meurt l'amour, où le regard plein de pudeur et de burlesque transfigure tout et tous, où l'ombre de Chaplin rend inutile les mots et laisse la place aux corps. Il est magnifique ce corps immobile dans sa robe rayée, puis le bras se lève, le geste parle, le mot se dessine, rend cette femme surpuissante, force de la représentation ! C'est aussi un film sur la transfiguration, un film énorme avec un cœur comme ça, un beau film parce que la simplicité du propos (une femme rencontre un homme) dévoile une perspective infinie de représentations. Poussin figure Irène en géante, c'est bien naturel. Et elle se reconnaît, démesurée, opulente. Et sous la géante d'osier il y a encore le Poussin qui n'a rien oublié. 

Joël Brisse

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Cinéaste


Marie Vermillard

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Cinéaste


Publié le mardi 12 septembre 2017

Paroles de cinéastes

Quand la mer monte

Un film de Gilles Porte
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