« Parce que j'étais peintre et parce que j'étais là, à ce moment précis de l'Histoire, vulnérable et désespéré, confronté à la mort au quotidien, « dans cette situation déchirée, insoutenable qu'on appelle la condition humaine » selon les mots de Sartre, j'ai ressenti l'impérieuse nécessité d'observer, de faire quelques dessins modestes dans mon coin, seule manière d'exprimer mon indignation, loin de me douter pour autant que par cela, j'adressais un message à l'humanité. »
Parce qu'il est cinéaste et qu'il se penche depuis 10 ans sur ce pan de l'Histoire, Christophe Cognet réussit à proposer une lecture cinématographique inédite de ces œuvres clandestines. Le film parle du mouvement là où il ne reste que quelques images figées. Il parle de la vie là où la mort règne. Il parle de la beauté là où la cruauté s'est imposée. La caméra s'attarde sur les détails des dessins et les caresse avec une tendresse égale à la sensualité qu'elle nous y fait découvrir.
Le cinéaste nous emmène sur le lieu de naissance de ces dessins, des espaces vides mais pleins de tragique, pour nous mettre dans la peau des artistes inconnus, pour nous faire éprouver leur solitude et adopter leur regard sur le monde. C'est un exemple sublime du regard d'un artiste sur le ressenti et l'engagement d'un autre artiste. La pensée d'Albert Camus continuera à retentir : « L'art et la révolte ne mourront qu'avec le dernier homme ».
Publié le lundi 18 septembre 2017