L'Académie des Muses nous entraîne dans une ronde, à une époque où plus grand monde ne se soucie de la puissance des rondes.
José Luis Guerín nous emporte dans le flot des mots, ceux de la parole, qui coulent des bouches comme un courant. Des mots de toutes langues : Espagnol, Italien, Catalan, Sarde.
Au centre de la ronde, il y a le Professeur, philologue patenté. Coq dans sa classe, c'est lui qui lance la musique dont les femmes se saisissent. Car comme chez Cukor, ce sont elles qui mènent la danse. Elles impulsent le mouvement à travers la magie de leurs visages. Avec sa petite caméra, Guerín filme ces visages féminins en train de dire les mots, comme Cukor pouvait les filmer dans Women. Ils sont magnétiques, vibrants. Ils font naître le sens qui circule, tantôt protégés par les reflets des vitres, des pare brises sur lesquels glissent le reste du monde - la pluie, le vent dans les arbres - tantôt dans l'absolue nudité de la lumière. Armées de ces mots, elles se lancent dans la course folle de la poésie, du désir, de l'utopie amoureuse. Pour en traquer la vérité jusque dans les bergers sardes, jusqu'aux portes des enfers. Et de tragiquement s'incarner dans la réalité du doute.
Publié le lundi 11 septembre 2017