En 1989, Mona et moi de Patrick Grandperret était dédié à Simon Reggiani, si bien que quand j'ai rencontré Simon, j'étais surpris qu'il soit vivant. C'est que le cinéaste Simon était encore à naître avec De Force avec d'autres, son film somme dans lequel il débroussaille les « ravages de la délicatesse » sur 4 générations de Reggiani, de sa grand mère, à sa fille Pandora, en passant par son père Serge. Simon avait d'abord écrit un livre avec son père dans lequel il peinait à prendre ses distances. La chance m'a donné de travailler avec lui sur son premier court métrage, Zani, dans lequel Serge peignait et se racontait (images intégrées dans le long à venir).
Il lui fallait toutes ces approches pour que Simon trouve cette distance, cet humour, qui lui permit de passer devant la caméra et de rendre compte, avec amour, de la redoutable complexité de ses rapports avec son père et des racines de la culpabilité familiale. La créativité opportuniste hallucinante de Simon, au gré de situations improbables entre Serge et Denis Lavant ou Antoine Chappey, dans un hôpital de désintoxication alcoolique, fit de De Force avec d'autres un film culte et drôlissime.
Publié le mercredi 13 septembre 2017