Cosmodrama, une odyssée corticale
Un vaisseau spatial vogue dans l'espace-temps intersidéral. À son bord, sept spationautes, une guenon, un chien, un chou romanesco, une amibe et un fantôme, nous feront vivre un grand drame cosmique mêlant poésie, burlesque et questionnement métaphysique.
Dans leur gigantesque vaisseau, ce dédale de couloirs qui relient cellules de travail, salle de boxe, sauna et lounge, nos voyageurs spatiaux cherchent à percer le mystère de leur condition, la nôtre, celle de l'homme perdu au milieu de l'univers. D'où viennent-ils ? Où sont-ils ? Que doivent-ils faire ? La science leur permet-elle d'échapper au doute qui les étreint ? Au vide qui les entoure et qui compose 95 % de l'espace ?
Investissant la dimension la plus plastique du cinéma, l'auteur délaisse les formes de la narration classique au profit d'une dramaturgie formelle où la puissance de l'image soutient notre pensée. Film de sensations corticales, Cosmodrama nous magnétise par sa chromatique ardente, son décor saillant, ses costumes surannés, ses accessoires designés au cordeau, ses envoûtantes notes sonores. Un pari osé à l'heure où la science-fiction a depuis longtemps rendu les armes au genre du film d'action. D'autant plus osé que la cinématographie française s'est de longue date interdite d'explorer ces lointaines contrées stellaires.
Philippe Fernandez franchit avec Cosmodrama une étape de plus dans la construction d'une œuvre filmosophique fondée sur la primauté de l'image et le rafraîchissement de la pensée.
Publié le lundi 11 septembre 2017