À propos de 108 (Cuchillo de palo)

Oriol
Canals

Cinéaste

Comment le sort d'un homme peut-il refléter toute une société ? “Chez le forgeron, le couteau est en bois”, dit-on en espagnol. Dès son titre, ce passionnant voyage intime et politique nous plonge dans la métaphore. En retraçant l'histoire de son oncle, en se mettant en scène pour mieux interroger ses fantômes de famille, Renate Costa vient remuer le couteau dans les plaies anciennes de la dictature. Par la délicatesse de sa caméra, toujours inquisitrice, jamais envahissante, par la force et la dignité de ses personnages, par la présence fragile mais sereine de Renate Costa, ce film nous parle de toutes les dictatures passées et présentes et des courages et lâchetés qu'elles engendrent. Dans une scène éloquente, la réalisatrice, en tête-à-tête avec son père, se heurte à son tour au mur d'incompréhension qui avait marqué le destin de son oncle, le “couteau en bois” d'une famille de forgerons. Ce film nous pose sans ambages une question centrale : où regardons-nous quand c'est “l'autre”, le “différent”, qu'ils viennent chercher ? Sur fond de mélancolie, Cuchillo de palo suggère que les dictatures les plus implacables, les plus insidieuses, résident peut-être à l'intérieur de nous-mêmes.

Oriol Canals

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Cinéaste


Publié le mercredi 13 septembre 2017

Paroles de cinéastes

108 (Cuchillo de palo)

Un film de Renate Costa
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