À propos du Soleil pour les gueux

Jean-Claude
Guiguet

Cinéaste

Ce film qui ressemble à aucun autre donne le sentiment d'une douceur grave située dans un espace qu'on dirait découpé dans un fragment du monde à son commencement. A la manière d'un incendie, chaque séquence semble naître de ce qu'elle brûle. Entre ciel et terre, sur une lambe d'herbes sèches balayées par le vent, Du soleil pour les gueux observe le ballet poursuite de quatre échantillons humains - une femme et trois hommes - qui s'affrontent, se coursent, s'aiment et pensent. Toute idée du monde s'affirme ici au coup par coup et ne vient au jour qu'en se formulant comme si elle ne préexistait pas à son expression. 


Alain Guiraudie ne cherche pas à faire le malin. Son expérience est toute autre. Il ne s'agit pas d'avoir le dernier mot mais plutôt de lutter conte le "sans issue de l'être" en retrouvant l'origine, le premier mot justement, celui qui libère de la résignation et de l'avertissement. Ce film plein d'enfance exhale un parfum de vagabondage qu'on aurait tort de prendre à la légère comme une facétie de potache. Sa pente secrète est à explorer du côté de la matière,à la fois lieu concret et structure abstraite. Une pensée en acte - donc poésie - et formidable érotisation des corps qui font respirer toute la construction invisible du film, lui donnant cette force de frappe inattendue, cette gravité soudaine qui reste en mémoire comme un soleil qui flambe et qui ne veut pas s'éteindre.

Jean-Claude Guiguet

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Cinéaste


Publié le jeudi 14 septembre 2017

Paroles de cinéastes

Du soleil pour les gueux

Un film de Alain Guiraudie
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