Monsieur contre Madame... Ou la fascinante comédie humaine sur la scène neutre, blanche, close, d'un appartement banal à pleurer aux pieds de tours HLM (point de rencontre où s'exerce, devant un médiateur, le “ droit de visite ” légal aux enfants de couples séparés). L'unité de ce lieu, l'absolue sobriété et la juste distance du regard d'une cinéaste (qui ne juge jamais) révèle et met à nu, comme au scalpel, le travail de “ désamour ” déchirant des couples en guerre. Avec, entre l'homme et la femme, l'enfant seul témoin tangible de ce qui fut leur lien. Ce qui rend ce film si précieux, si bouleversant, c'est ce regard de Claudine, à “ juste distance ” : une écriture pudique, faite de longs plans fixes, d'attention passionnée aux êtres, à leur folie si proche (car en ce domaine nous sommes tous logés à la même enseigne...), sa tolérance jamais complaisante, jamais méprisante, voire un brin amusée... Car de quoi cause ce film, sinon de la folie ordinaire qui nous habite, celle du désir, théâtre universel de la tragi-comédie que se livrent hommes et femmes depuis la nuit des temps et rend la frontière si ténue entre haine et amour... Et nous renvoie à notre responsabilité fondamentale envers l'enfant. Un film où l'on rit, où l'on pleure, où l'on se reconnaît pleinement dans ces hommes et ces femmes aux prises avec leur propre violence, leur maladresse et le désir de s'en sortir... Ils sont étonnants, touchants, effrayants, drôles. Ils sont au-delà du raisonnable. Ils sont grands... Humains trop humains.
Publié le mardi 12 septembre 2017