Francis Bacon, le peintre, expose sur ses toiles des corps contorsionnés. Ils sont presque toujours dans un espace clos et fragmenté. Les douleurs et les couleurs de la chair préfigurent celles de l'âme. Le corps questionne l'esprit puis l'esprit questionne le corps. Ils attendent tous deux une réponse, en vain. Jacques Nolot, le cinéaste, expose lui aussi cette confrontation désespérée de l'interrogation humaine et ce tumulte de l'intériorité. La sobriété des espaces, une parole concise et la taille précise de la mise en image, dévoilent sans aucun artifice ni jugement, une face complexe de notre nature ambivalente. Les confidences ressemblent à des confessions, l'acte sexuel à une quête ou à un moyen de détourner l'idée de la mort. Avec le temps, le corps et ses pensées sont régis par des habitudes qui deviennent des rituels. L'argent est aussi une fausse priorité qui rassure. Ce que le cinéaste nous montre, est ce que nous sommes, ce que l'on vit. Nous cherchons, dans nos actes et notre parole, une méthode pour contrer toutes les solitudes. Nous souhaiterions pouvoir nous libérer d'un monde prosaïque et commun mais le profane comme le matérialisme se sacralisent à nos dépends. Cette banalisation nous précipite dans une absence. Si le film est une existence en quête d'essence, il est aussi la révélation d'une impuissance à vivre comme à mourir, une leçon d'humilité autant artistique qu'humaine. Peu de cinéastes parviennent à un degré d'abstraction aussi intelligible et clairvoyant.
Publié le lundi 18 septembre 2017