Mon ange. Il y a une jubilation qui traverse tout le film de Danièle Dubroux. Jouissance du miroir, Le Journal du séducteur est un film sur les mecs, ou plus exactement sur les détours, les convulsions que la nécessité de plaire aux femmes nous imposent. Délectation des acteurs qui, dans un chassé-croisé souvent inquiétant, portent l'humour, la drôlerie de leurs situations. Du psychanaliste qui déclare à un patient que s'il ne croit pas en Dieu, il ne peut vraiment rien pour lui, à Léaud qui, dans une scène époustouflante, retourne son arme de suicidaire contre ses invités. La beauté, le plaisir du Journal du séducteur tient beaucoup au rire qu'il déclenche, rire qui nous met à la bonne distance de cette comédie fantastique et profonde. Cette distance qui crée ce style qui n'appartient qu'à Danièle Dubroux, fait de maîtrise scénaristique et de quasi boulimie filmique, alchimie qui lui permet de nous offrir un film drôle et inquiétant sur la détresse de ceux qui ne peuvent ou ne veulent jouer le jeu. Mais aussi, élégance du style qui nous fait comprendre que le jeune séducteur a réussi son programme minimum : séduire la mère à défaut de la fille, par un "mon ange" lancé hors champ par une actrice formidable, Danièle Dubroux.
Publié le lundi 18 septembre 2017