Un film aux dimensions bibliques, un miracle au sein de notre industrie cinématographique mercantile et sclérosée, où personne ne prend plus le temps de s'interroger et de rêver. Marco Pico, lui, a pris son temps : trois ans avec une bande de croyants et ses propres deniers pour réaliser cette sorte de Troisième Testament et nous entraîner dans une épopée magique. « Comment va le monde, Mossieur ? Il va mal, Mossieur. » Cette phrase, en partie empruntée à François Billetdoux pourrait être le cri d'alarme de cette bande de saltimbanques, d'exclus, de paumés qui s'embarquent pour une quête sans fin à la recherche d'un nouveau monde. Des personnages à la Beckett, conduits par un Jésus des temps modernes, partant pour une nouvelle traversée du désert, dans des espaces sublimes à la Angelopoulos, parcourant des forêts, des voies ferrées, des quais, des rivages... Puis, n'ayant trouvé aucune réponse sur cette terre comme au ciel, s'embarquent sur les mers, dans une espèce d'arche de Noé afin de trouver un idéal spirituel. Le Dernier des pélicans (oiseau symbole du Christ dans l'iconographie chrétienne) nous touche au plus profond de nous-mêmes dans cette recherche d'absolu et nous procure interrogation, émotion et surtout l'ivresse d'un très grand cinéma.
Publié le lundi 18 septembre 2017