Un petit tour et puis s'en vont, les quarantenaires débraillés, assoiffés de liberté, avinés de fanfare et de rires. Un petit tour et puis s'en vont les hommes, quittant ville, travail, femme et enfants, pour devenir mercenaires de l'abandon, étendards du dérisoire. Non, la fête ne s'arrêtera pas. Ils vont la boire jusqu'à la lie. Ils marcheront, résisteront. De leurs obligations, de leurs attributs, ils se délesteront. Ils avaient rendez-vous avec le carnaval du monde, et c'est avec eux-mêmes démasqués qu'ils se retrouvent. Ici, réside le grand tour illusionniste du film, glissant incidemment du documentaire potache vers la fiction dont la puissance désespérée évoque La Grande bouffe de Ferreri, l'union subversive du baroque et de la télé réalité. C'est avec jubilation qu'on les regarde se mouvoir ces hommes et puis, cette jouissance dans la perdition se transcende vers un ailleurs, où le mortifère et le mysticisme affleurent dans une prégnante mélancolie.
Publié le lundi 11 septembre 2017