Sujet documentaire : à nos risques !


Cinéastes de l'ACID

3300 évènements sont organisés dans le cadre du mois du film documentaire, des centaines de cinéastes prennent la route pour rencontrer leur public en ce mois de novembre. Ces chiffres témoignent du formidable engouement pour le documentaire. Audace, singularité, découverte et partage sont à l'œuvre. Le risque aussi, puisque chaque film invente sa forme et sa mise en scène, élabore un regard singulier dans lequel le cinéaste se met à nu, car tout documentaire est aussi un portrait de son auteur.

Et pourtant, (presque) tous les clignotants sont au rouge pour les documentaristes. Tant de films salués par le public (et que nous soutenons) sont le fruit d'un long parcours, pendant lequel le ou la cinéaste passe des années à écrire des multiples versions du dossier, à attendre les résultats des différentes commissions très sélectives, adaptant à chaque étape l'écriture de son projet en fonction de l'avancement du film - parfois sans résultat positif. Ce long chemin, accompagné souvent de résidences, labs, workshops…, renferme le risque d'un estompement du désir de film, d'une dilution de sa nécessité en faveur d'un traitement du « sujet », ou bien mène à un certain formatage du projet bien écrit, où, curieusement, le regard d'auteur n'est plus clairement perceptible. Rester vertical est un combat. Puis, à l'issue de cette longue route, le film terminé, quand les collaborateurs et prestataires ont été payés et commence la tournée d'accompagnement, ces cinéastes (comme leur producteur) auront souvent perçu une rémunération bien en-dessous du SMIC. 


Récemment, il y a eu des belles victoires et des salutaires créations de nouveaux dispositifs, comme l'ouverture de l'aide à la conception aux films documentaires, l'aide « Parcours d'auteur » du CNC, la Bourse Repérage de la SCAM, l'Aide au parcours d'auteurs de Ciclic, le « Projet d'après » en Aquitaine… 


Mais dans un contexte général fragile, tant de chantiers restent ouverts pour que les cinéastes et leurs producteurs n'encourent pas seuls les risques. À l'ACID nous y travaillons et nous y engageons aussi au sein de la Boucle documentaire : nous défendons un engagement plus fort des distributeurs avec un minimum garanti, une plus grande visibilité du documentaire en salle, une égalité territoriale des aides, une vraie place du documentaire d'auteur à la télévision, une réflexion générale sur les aides et les dispositifs nécessaires adaptés au documentaire, afin que ces films résolument indépendants, puissent continuer à se déployer dans toute leur audace, beauté et désir de partage.

Cinéastes de l'ACID


Publié le jeudi 03 novembre 2022

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