À propos de Retour à Forbach

Naruna
Kaplan de Macedo

Cinéaste

Retour à Forbach est construit comme un voyage initiatique à l'envers. 

Un homme déjà grand retourne vers l'enfant qu'il a été. 

Il nous prend à témoin pour tenter de donner corps à la place qu'il a su trouver dans le monde. Une place construite avec Forbach, depuis Forbach, malgré Forbach. 

Point d'origine, point de rupture.

Forbach est la ville de l'enfance que le cinéaste (re)construit pour nous avec ses impressions, ses hésitations. Un lieu qu'il connaît sans le reconnaître, filmé du point de vue de l'étrangeté, offert à nos regards comme des blocs de béton sensibles, imbriqués dans ses souvenirs doux-amers avec la précision aigüe du trauma. 

On retrouve avec lui les bancs de l'école, les arbres du jardin. 

On entrouvre les armoires de la maison de famille, à vendre puis vendue. 

On regarde par dessus son épaule la ville filmée avec douceur, sur laquelle l'implacable bande son assène les noms égrenés lors du dépouillement du vote où le Front National rafle la mise. Voyage à Forbach, ville fantôme, ville vivante, ville usée, ville trouée. Voyage dans toutes les possibilités d'une ville et d'une vie aujourd'hui en France.

Un voyage, c'est aussi ce qu'a vu Annie Ernaux. Son regard d'écrivain résonne comme une invitation : 

« J'ai regardé hier soir le documentaire de Régis Sauder et depuis, j'ai l'impression d'être réellement allée à Forbach, et sûrement pas comme Hollande en coup de vent, d'avoir été immergée dans l'histoire morte de cette cité, les houillères, et le présent des gens, leur immense délaissement, leur désarroi, leurs souvenirs aussi. Il y a un souci constant de montrer les rues, les commerces, les immeubles, les pavillons, et puis les gens, qui portent les uns le passé, les autres le présent et l'avenir. C'est ça, non pas seulement vivre dans une ville, ici Forbach, mais « être » d'une ville comme Forbach, avoir le souvenir d'une cité rasée, de l'école, des amitiés, c'est s'être construit avec ça, comme dit une femme, et envisager d'y rester. La maison d'enfance vidée et à la fin vendue à Ahmed, très belle ouverture et beau final d'une nouvelle transmission. L'émotion n'est pas sollicitée, elle vient des images, des mots à la fois directs et pudiques sur la honte.»

Naruna Kaplan de Macedo

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Cinéaste

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Administratrice


Publié le mercredi 11 octobre 2017

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Retour à Forbach

Un film de Régis Sauder
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