Cinéaste
Claire Denis est une réalisatrice et scénariste française née le 21 avril 1948 (ou 1946 selon certaines sources) à Paris. Elle est célèbre pour ses films Chocolat, Beau travail, Trouble Every Day, 35 rhums, White Material et Les Salauds.
Bien que née à Paris, Claire Denis passe une grande partie de son enfance sur le continent africain. Elle doit en effet suivre les affectations de son père, administrateur colonial, et connaît tour à tour le Cameroun, le Burkina Faso et Djibouti. Ces incessants voyages finissent par influer sur la santé de Claire Denis, ce qui l’amène à retourner en France et à s’installer dans la commune de Marly-le-Roi dans les Yvelines. Après le lycée, elle choisit d’intégrer l’Institut des hautes études cinématographiques, où elle enseigne aujourd’hui ; l’établissement ayant entre temps changé de nom pour devenir la Fémis. Elle y entre par passion pour le cinéma, mais aussi sur les conseils de son photographe de mari.
Elle achève sa formation à vingt-quatre ans et entame son apprentissage du métier auprès de cinéastes comme Jacques Rivette ou encore Robert Enrico qui l’engage lors des tournages du Vieux Fusil en 1975 et de L’Empreinte des géants en 1980. Quatre années plus tard, elle apparaît sur la fiche technique de Paris, Texas comme assistante-réalisatrice aux côtés de Wim Wenders. Celui-ci reconduit leur collaboration en 1987 pour l’assister lors de l’élaboration de la comédie dramatique Les Ailes du désir.
C’est en 1988 que Claire Denis se décide à franchir le pas et réaliser son premier film. Elle signe alors Chocolat, un long-métrage inspiré de son enfance en Afrique. Elle y met en scène les acteurs François Cluzet, Giulia Boschi et Isaach de Bankolé. Après Man No Run sorti en 1989, la réalisatrice dévoile S’en fout la mort l’année suivante, avec Jean-Claude Brialy. Le film s’intéresse à deux immigrés clandestins, un Béninois (Dah) et un Antillais (Jocelyn), contraints d’organiser des combats de coqs pour le compte d’un restaurateur peu scrupuleux. Elle s’allie à Serge Daney pour réaliser un portrait sur le célèbre cinéaste Jacques Rivette (Jacques Rivette, le veilleur, 1990) puis réunit par la suite Katerina Golubeva, Line Renaud et Béatrice Dalle autour du récit de J’ai pas sommeil, une fiction qui fait écho à l’histoire du présumé tueur en série Thierry Paulin. Sorti en 1994, ce film est suivi d’un moyen-métrage d’une heure - pour la chaîne Arte - et qu’elle baptise US Go Home. Sa comédie dramatique Nénette et Boni est présentée deux années plus tard, et compte Grégoire Colin, Alice Houri, Jacques Nolot et Valeria Bruni Tedeschi parmi ses acteurs principaux.
Claire Denis se lance ensuite dans un travail d’adaptation. Elle porte à l’écran le roman Billy Budd, œuvre de l’écrivain américain du dix-neuvième siècle Herman Melville (auteur de Moby Dick), et intitule la fiction Beau Travail (1999). Le récit original a pour cadre l’univers des marins, tandis que dans Beau Travail, la cinéaste choisit un contexte tout aussi masculin, l’armée. Se déroulant sur une base de l’armée française à Djibouti (encore un clin d’œil à son enfance), le film raconte l’histoire d’un jeune légionnaire (Grégoire Colin) persécuté par son supérieur (Denis Lavant) qui le jalouse aussi bien pour son physique que pour s’être attiré les faveurs du commandant, interprété par Michel Subor. En 2001, Claire Denis retrouve Béatrice Dalle à qui elle confie le rôle d’une déséquilibrée qui adopte un comportement sexuel fait de violence et de cannibalisme dans Trouble Every Day. Cette dernière y côtoie notamment Vincent Gallo, Tricia Vessey, Alex Descas et José Garcia. Suite à cela, elle réalise L’Intrus, un drame sorti en 2005 pour lequel la cinéaste rappelle plusieurs comédiens ayant déjà joué pour elle : Béatrice Dalle, Grégoire Colin et Michel Subor. Le tournage de L’Intrus terminé, Claire Denis entame celui de White Material en 2006. Là encore, elle fait référence à son passé africain et met en scène Isabelle Huppert, Christophe Lambert et Nicolas Duvauchelle. Vient ensuite le projet 35 rhums (2009), une comédie dramatique dans laquelle un père et sa fille ont du mal à s’éloigner l’un de l’autre alors que celle-ci atteint l’âge où elle doit voler de ses propres ailes. L’affiche du film comprend notamment Alex Descas, Mati Diop et Nicole Dogue.
En 2010, la réalisatrice rejoint la Croisette pour présider le jury Un Certain Regard. L'année suivante, elle rejoint le jury du Festival du Film Américain de Deauville tandis qu'elle fait son grand retour derrière la caméra en 2013 avec son film Les Salauds dans lequel elle dirige Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Lola Creton et une nouvelle fois Alex Descas. Le film est d'ailleurs sélectionné au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard.