Fotograf

Un film de Kazim Öz

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Un film de Kazim Öz

Turquie - 2001 - 65 min

La photographie est un film sur deux destins se rencontrant accidentellement : deux jeunes hommes en chemin pour la même guerre mais dans des camps opposés. Ils prennent le même bus et sont placés côte à côte, les deux cachant le but de leur voyage à l'autre. Entre les deux hommes, cette étrange proximité et chaleur particulière aux voyageurs se développe.

Avec :
Feyyaz Duman , Nazmi Kirik , Mizgin Kapazan , Muhlis Asan , Zulfiye Dolu et Mehmet Ali Öz

Sorti le 01 janvier 2001

Sortie non communiquée

À propos de Fotograf

Dès la première image, on est embarqué dans ce bus, qui va d'Istanbul à Diarbekir, de la rive occidentale du Bosphore vers l'Asie mineure, en Anatolie, là où vivent les kurdes avec la répression culturelle et physique que l'on connaît... Les films qui nous touchent sont souvent les plus simples : deux personnes qui ne se connaissent pas voyagent dans le même autocar. C'est un voyage de quelques jours qui nous plonge dans un pays en état de guerre : nombreux check point, sensation oppressante de la route. Toute la première moitié du film, on passe du « nous » au « je », du vécu intime au monde extérieur par la fenêtre du conducteur ou celle du passager. C'est un film sur le regard et sur le silence. Lors d'une halte dans un café, les images de la guerre à la télévision, font irruption, mais personne n'ose commenter si ce n'est un graffiti dans les toilettes : « le soldat partira mais il reviendra dans un cercueil ». À Diarbékir les deux garçons se séparent. L'un ira à l'armée, l'autre continuera sa route jusqu'à Van où il s'engagera dans la clandestinité. Qu'est-ce qui fait que l'un sera pris dans le moule de l'armée, contraint de réprimer de tuer en quelque sorte son double ? Fotograf est un film sur le chemin, sur le destin, sur le hasard qui transforme l'amitié en haine aveugle. Inutile de dire que ce film est un acte de courage dans un pays où la langue kurde est interdite. Il a pu se faire grâce à l'assistance bénévole de beaucoup et au soutien du fond Hubert Bals à Rotterdam. La mémoire, la géographie, la musique aux sonorités montagnardes, ces paysages, ces sons, je les ai déjà entendus et vus de l'autre côté de la frontière, dans le nord de l'Iran, en Arménie, ou ce qu'il en reste. Ce petit car qui va de Diarbekir à Van me rappelle une autre histoire... Là où vivaient aussi les Arméniens avant 1915. Nous avons vu ce film en pleine guerre d'Irak où le spectacle des bombardements et de la prise de Bagdad, était consommé à la télévision comme la finale d'une coupe du monde de football. Fotograf le film de Kazim Öz, nous parle aussi de la guerre, mais de celle que chacun mène en soi.

Jacques Kebadian

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