Le Voyage à la mer

Un film de Denis Gheerbrant

Le Voyage à la mer

Un film de Denis Gheerbrant

France - 2001 - 87 min

Un voyage dans les campings de bord de mer, le long de la côte qui va de l'Espagne à la Camargue, comme l'envers de la société, un jeu de cartes savamment mélangé.

Chaque fois que le cinéaste plante sa tente, il fait connaissance avec ses voisins. Et, comme souvent dans ces cas-là, ils disent à un inconnu ce qu'ils ne diraient pas à leurs proches. Ils parlent d'eux, de ce qui compte pour eux. Et qu'est-ce qui compte dans la vie si ce n'est le Travail et l'Amour ?

Un CRS maître-nageur à la retraite, sa femme infirmière, des jeunes de la banlieue parisienne et de Lorraine, des étudiants lyonnais, un routard qui fait la saison dans son camion… Un couple se souvient, un autre s'invente un futur, un troisième construit une famille. Ils viennent de partout, ils ont tous les âges et toutes les cultures, dans la parenthèse des vacances, ils s'inventent un monde.

C'est le voyage d'un cinéaste dans notre époque, avec sa sensibilité, pas un état des lieux. Un voyage qui nous fait éprouver les sentiments les plus contrastés et ne nous laisse pas indemnes : au bord de la mer le soleil est généreux mais la tramontane souffle parfois, qui nous emporte…

Avec :
Kanokporn Tongaram , Min Oo , Jenjira Jansuda , Sa-Gnad Chaiyapan et Kanitpat Premkij

Sorti le 06 novembre 2002

Sortie non communiquée

À propos du Voyage à la mer

« …J'ai fait un rêve étrange où des hommes et des femmes célébraient à travers des jeux, qui me faisaient peur, qui me faisaient envie, ce mystère inconfortable selon lequel chacun est fait de tous les autres. » Elle est touchante, cette voix off de Denis Gheerbrant, qui se demande s'il est « au milieu » de ceux qu'il filme, ou en face, s'il est fait de la même étoffe, homme parmi les hommes, où s'il est radicalement séparé « non réconcilié »… Car qui nous montre-t-il ? Des « beaufs » en vacances, touchants et humains, humains trop humains, parmi lesquels un policiers à la retraite et un jeune « maître chiens », des « beaufs » qu'en bons cinéastes de gauche on ne pourrait qu'aimer, parce que ce seraient eux aussi, les « vrais gens », et que « chacun a ses raisons » comme disait Renoir, ces « vrais gens » qui constituent aussi peut-être l'électorat de Le Pen, mais qui n'en sont pas moins sympathiques là, sous le soleil du camping et la caresse chaleureuse de la caméra du cinéaste. On aimerait que la position de pudeur et de respect de Denis ne lui empêche pas, parfois, un questionnement plus incisif, car je crois qu'on peut filmer avec autant d'amour que de cruauté. Alors ? Grand œcuménisme de l'homme de gauche ou /et responsabilité du cinéaste ? Malaise… Impossible de ne pas penser à la phrase de Godard, sévère pour les cinéastes militants : « Plutôt que de questionner les travailleurs, travaillez vos questions ! » ; ici les travailleurs sont en Vacances, et le cinéaste semble avoir fait reposer ses questions, loin de tout militantisme volontariste… mais heureusement, parfois, même pendant le repos, « ça » travaille ! C'est pour cela que les moments les plus touchants du film, sont peut-être ceux où le cinéaste nous parle intimement, à nous spectateur, nous donne des nouvelles de l'endroit de sa solitude perplexe, de cette bonne distance si difficile à trouver, à l'égard de ceux qu'on filme, l'égard des autres, tout simplement. Et lorsque arrive ce plan magnifique, où un chercheur de cerf-volant trébuche dans les dunes tandis que la voix de Denis nous raconte son rêve étrange, alors la plage devient une autre planète, et les vacanciers que rencontrent Denis, l'arpentent comme venus d'un pays tout entier à revisiter… le cinéaste réussi alors à déplacer la banalités des témoignages, sur le terrain d'une poésie étrange du réel.

Judith Cahen

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